01/12/2010
Bruce Springsteen : The Promise The Darkness On The Edge Of Town Story
Je vais faire un gros effort, je vais tenter de chroniquer ce disque sans utiliser mon dictionnaire de superlatifs et pourtant dieu sait que j’en aurais bien besoin aujourd’hui…
Le coffret qui vient de sortir est tout simplement le plus bel objet de toute l’histoire du rock. Pas moins. Bruce Springsteen nous livre aujourd’hui en pâture toute la genèse de la création de ce qui constitue certainement son meilleur album Darkness On The Edge Of Town paru en 1978. Imaginez un coffret monstrueux contenant 3 CD et 3 DVD accompagné d’un fac-similé de son énorme cahier à spirales dans lequel il a l’habitude d’écrire ses textes et toutes les idées qui lui viennent à l’esprit quand il compose un disque. Plusieurs versions de textes pour une même chanson, des titres d’autres artistes à écouter, la liste revue plusieurs fois des morceaux qui constitueront l’album. Une pièce de musée, le nec plus ultra pour un collectionneur.
Le premier CD reprend le disque original en version remasterisée. Je ne reviens pas sur ces titres, des merveilles comme Badlands, Factory, Prove it All Night et Darkness On The Edge Of Town pour ne citer que ceux-là, mais les dix titres sont des classiques du Boss. Les deux autres CD se nomment The Promise et contiennent des inédits des sessions d’enregistrement. Vingt et un titres – dont un caché (The Way connu des spécialistes) en fin du dernier disque. Quelques vrais inédits, d’autres connus par les bootlegs qui circulent et trois titres offerts à d’autres artistes mais ici dans leur version originale (Because The Night pour Patti Smith, Talk To Me pour Southside Johhny et Fire pour les Pointer Sisters). Tous les morceaux sont achevés, le son est parfait et on a du mal à comprendre comment ils ont été exclus du disque final. Sauf à dire qu’il aurait fallu faire un double album à l’époque. Pour la petite histoire, quand Springsteen enregistre Born To Run, le disque qui va le faire exploser sur la scène rock en 1975, il a neuf chansons et il en met huit sur le disque. Trois ans plus tard, en 1978 donc, pour Darkness il a écrit soixante-dix chansons mais et il n’en gardera que onze pour l’album !! Certaines serviront plus tard pour l’album The River (1980), quelques unes sont sorties sur le coffret Tracks (1998). Vous imaginez le dilemme. Tous ces inédits enfin sortis de l’oublis sont fabuleux – même si un ou deux sont plus faibles (mais tout est relatif) je veux bien l’admettre. Déjà avec ces trois CD le fan de base serait aux anges.
Mais il y a aussi les DVD. Le premier dure 88mn et nous explique par images d’époque et interviews récentes des protagonistes, comment le disque a été conçu. Il est absolument passionnant et dépasse l’idée qu’on se fait des « Making Of » habituels car en plus des précisions techniques et des séances d’enregistrement filmées (du pur bonheur déjà) on entre dans l’intimité de Bruce Springsteen, on découvre vraiment le genre d’homme qu’il est. A cette époque il était en bisbille avec sa maison de disques et voulait récupérer l’entière possession de ses droits en tant que créateur et ne plus dépendre des autres. Des questions existentielles le taraudaient et l’obsèdent encore, la notion de péché, quels compromis sont acceptables ? C’est pourquoi Darkness est si grand, c’est le disque d’un adulte, plus que d’un artiste, qui a trouvé sa voie, qui sait enfin « comment vivre une vie d’homme responsable ». Ce DVD est la clé pour comprendre Springsteen et son œuvre. Magistral et incontournable. Le second DVD nous donne à voir l’album Darkness joué intégralement dans les conditions du live mais sans public, dans un petit théâtre de Asbury Park en 2009 avec en apothéose, une version de Prove it All Night magnifiée par un solo de guitare anthologique de Bruce, le son est géant et à n’écouter que la bande sonore sur sa chaîne Hi-Fi on redécouvre un disque qu’on croyait déjà archi-connu. Fabuleux. Puis 24mn des sessions d’enregistrements de Darkness dans un studio aménagé dans une ferme en 1976, Springsteen torse nu, jeune et les cheveux bouclés ressemble à ces éphèbes qui traversent les films de Pasolini, enfin nous avons aussi droit à 35mn d’un concert donné à Phénix en 1978 qui culmine avec Rosalita quand les filles envahissent la scène pour rouler des pelles à Springsteen qui n’en revient pas, mais ne crache pas dessus. Le troisième et dernier DVD reprend l’intégralité (176mn, oui presque trois heures !) du concert de Houston en 1978. La set-list est archi-connue mais toujours impressionnante tant les morceaux sont forts. Bruce et ses hommes – à cette époque nous sommes encore entre mecs uniquement– maîtrisent parfaitement leur sujet, chacun est un cador sur son instrument, Dany Federici (décédé depuis) est encore derrière son orgue. Ca déchire grave diront certains, Oh ! Que oui ! Diront les autres.
Ma conclusion est simple, si vous êtes fan du Boss vous l’avez déjà acheté, quant aux autres vous pouvez y aller, gardez grandes ouvertes vos oreilles elles n’en croiront pas leurs yeux ! Si le prix vous rebute, faites le calcul, 3CD + 3DVD achetés séparément dans le commerce vaudraient beaucoup plus, c’est donc une affaire. Noël approche, faites vous plaisir.
07:00 Publié dans Musique | Tags : bruce springsteen, rock, darkness on the edge of town, musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |