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04/07/2015

La sagesse se perd

Ce que je n’ai pas du tout apprécié, c’est que lorsque je me suis installé, il a dit « Oh ! Oh ! » Et qu’elle a ricané – comme si je n’étais pas là – « Quand vous dites cela, c’est que ça se présente mal ! » Etait-ce bien nécessaire ?

Retour en arrière. Ca commençait à me titiller grave, dès que je m’en servais pour mastiquer, ma dent me faisait souffrir. Qu’à cela ne tienne, je suis allé consulter ma dentiste, tout guilleret car une séance pas si lointaine m’avait réconcilié avec la profession. Hélas, un coup d’œil et une radio plus tard, j’affichai une grise mine. Il s’agissait d’une dent de sagesse, il fallait l’extraire et je devais prendre rendez-vous avec un stomatologue dans une clinique, nom et adresse inscrits sur un bristol, je repartis contrit.

On m’avait déjà retiré une dent de sagesse il y a quarante ans, le dentiste s’en était occupé dans son cabinet et comme une lettre à la poste, tout s’était bien passé. Les années ont passé et tout a changé, semble-t-il. Désormais on vous envoie chez un spécialiste en milieu hospitalier. Principe de précaution j’imagine. Mais précaution pour qui ? Pour le patient ou plus certainement pour le praticien qui se couvre de tous bords contre les recours en justice éventuels… ? La preuve, tous ces formulaires et décharges à signer et archivés dans mon dossier, au cas où…

Après m’être fait pomper une jolie somme, lors d’une pré-visite de quelques minutes où j’ai certifié n’être atteint d’aucune allergie, je suis revenu pour l’extraction proprement dite. Ce que je n’ai pas du tout apprécié, c’est que lorsque je me suis installé, le stomatologue a dit « Oh ! Oh ! » Et que son assistante a ricané – comme si je n’étais pas là – « Quand vous dites cela, c’est que ça se présente mal ! » Fin du flash-back.

Je n’étais déjà pas au meilleur de ma forme en arrivant, accablé par la canicule et en début de transe à l’idée de cette intervention, alors après m’être fait cueillir à froid (heu ?) par ce court dialogue, j’étais dans tous mes états quand vautré sur la table, le charcutier a braqué la grosse lampe sur mon visage grimaçant et suant. « Détendez-vous, vous semblez contracté ! » Je n’ai rien répondu à cette provocation et d’ailleurs, sa grosse main dans ma bouche et l’aspire-salive tenu par l’assistante, dans les babouines, ne m’en laissaient pas le loisir. Il m’a piqué plusieurs fois la gencive avec sa seringue gigantesque (effet d’optique ou réalité ?) et fourré je ne sais quoi de métallique dans le bec. « Attention, ça va faire crac ! » La vache, un boucan d’enfer dans mes oreilles, oui ! Deux, trois fois, le vacarme épouvantable, comme un os cassé.

J’étais à l’agonie. Pendant tout ce temps, elle et lui discutait des mérites d’un séjour prochain au Crotoy. Là encore, je n’ai pas pipé mot, réservant pour moi l’idée qu’un passage par le parc du Marquenterre était obligatoire. J’avais d’autres chats à fouetter à cette heure.

Enfin ce fut fini. Dans un semi-coma j’ai compris que toute la dent ne pouvait être retirée mais que ce n’était pas grave, l’essentiel douloureux étant maintenant dans la poubelle. Comme chez le coiffeur, l’assistante m’a épongé le front dégoulinant de sueur avec une serpillière et le stomatologue m’a escorté jusqu’au bureau administratif pour régler la facture. « Revenez me voir dans trois semaines, pour une visite de contrôle. »

J’ai dit que c’était fini, du moins l’ai-je crû. Quelques heures plus tard quand l’anesthésiant s’est dissipé, j’ai commencé à chanter Ramona. Et quand on chante, on ne peut ni boire ni manger, sans compter cette putain de chaleur…

 

 

 

13:56 Publié dans Echos de ma vie | Tags : dentiste, canicule | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |