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30/07/2010

Le coup de pied de l’âne

Les temps sont venus de mettre les points sur les I et de citer des noms. J’ai fait toute ma carrière professionnelle au BHV, le célèbre grand magasin. Ces dernières années l’enseigne à perdu des plumes pour diverses raisons (erreurs stratégiques, concurrence etc.) et a du se réfugier contrainte et forcée dans le giron de la maison mère, les Galeries Lafayette.

A cette heure les deux enseignes cohabitent séparément pour le public, mais en fait les achats sont faits en commun et seules les façades favorisent la répartition des marchés, le bricolage et la maison pour le BHV, la mode pour les Galeries Lafayette. Avec les années j’ai vu ma boîte se faire phagocyter par les Galeries, le vieux magasin aux méthodes de travail pragmatiques et aux hiérarchies courtes a du se plier aux nouvelles règles dictées par la maison mère.

Ces nouvelles règles -présentées comme modernes- sont donc indiscutables. Bienvenue au pays de l’Open Space, aux hiérarchies délirantes tronçonnant à l’extrême et démultipliant à l’infini les tâches et les cellules administratives, aux projets qui fusent dans tous les sens. Plus personne ne sait qui fait quoi, la vision transversale est devenue complètement embuée. Tout le monde est chef de projet, ordinateur portable sous le bras, courant de réunion en réunion. Tous les services multiplient les états de suivi, les graphiques de statistiques, les (fameuses) présentations PowerPoint, les lettres d’informations. Il y a tellement d’outils d’aide à la décision qu’ils ont du mal à décider quel outil utiliser ! La Direction multiplie les séminaires pour souder les équipes et fait celle qui la joue « Tous pour un, un pour tous » mais en réalité c’est chacun pour soi, les structures favorisant la compétition entre les groupes et services. Quel gâchis d’énergie et de talents. Car certains ont du talent.

C’est donc cela l’Entreprise du XXIème siècle, alors effectivement je suis trop vieux pour elle. La Machine a pris le pas sur l’Homme, les process dictent leurs lois et leurs rythmes aux employés, la Machine vit d’elle-même. Et le client ? Car n’oublions pas que le client est le seul objectif d’un grand magasin, il est si loin dans la chaîne administrative que je ne suis pas certain que tout le monde se souvienne qu’il existe et que c’est lui qui décidera in fine, de l’avenir de ces enseignes.

Dégoûté par ce tableau trop ridicule j’ai avancé mon départ en préretraite. Ce soir je suis libre, enfin !