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26/07/2008

Le poste de TSF

J’aime bien le Tour de France. Inutile de préciser « cycliste » ça tombe sous le sens pour tout le monde, même ceux qui ne sont pas intéressés. On peut et on a déjà écrit des tas de livres sur le sujet mais le filon est inépuisable, car chacun en a ses propres souvenirs qui eux-mêmes viennent raviver ceux des lecteurs et ces souvenirs sont toujours attendrissants comme si l’évènement avait un pouvoir magique, celui d’être agréable à tous. Même le dopage n’a pas (encore ?) réussi à nous dégoûter de ces trois semaines qui annoncent le soleil et nos vacances prochaines, car de les voir en chier sur leurs vélos, nous donnent des forces pour atteindre nos congés tellement mérités. Justement cette année, j’en ai déjà parlé il y a quelques jours, j’étais en vacances dans un gîte Creusois et dès que j’y suis arrivé la nostalgie a frappé fort quand j’ai vu trônant dans la salle, un vieux poste de TSF en bakélite de la même génération que celui que nous avions à la maison, quand j’étais gamin dans les années 50/60. Le propriétaire tout fier de son antiquité « qui fonctionne très bien ! » se préparait à me faire une démonstration de l’objet quand je l’ai calmé en lui disant que mes parents possédaient le même. Non mais ! Je n’allais pas partager avec le premier venu le plaisir de replonger dans mon enfance grâce à cet objet magique et magnifique. Chez nous le poste était placé sur un guéridon, entre les deux fauteuils où le dimanche, mon père et mon grand-père s’installaient pour écouter le compte-rendu de l’étape du Tour de France sur Radio Luxembourg, je pense. Nous avions un modèle plus petit que celui-ci et le nôtre n’était pas crème mais lie de vin. Quand j’ai allumé le poste, je ne m’en souvenais pas, il a fallut attendre que ça chauffe ! Puis le son est venu progressivement. La façade s’est illuminée et grâce à un gros bouton j’ai recherché une station en déplaçant une aiguille sur l’échelle des fréquences, ici il s’agit des « Grandes Ondes » car la FM est inconnue. Entre les grrrr ! et les bzzz ! une voix a fini par émergé et après avoir tâtonné, j’ai trouvé la réception optimum. Autant que faire se peut avec ce type de matériel. Justement il s’agissait d’un point d’informations et le speaker donnait une position intermédiaire de l’étape du jour. Je me suis alors revu, assis par terre devant les deux fauteuils, avec mes cyclistes en métal en train de reconstituer le classement de l’étape en cours, d’après les commentaires du journaliste sportif. Mes héros passés ont été ressuscités, les Stablinsky, Anglade, André Darrigade. Mon grand-père et mon père échangeaient des propos de connaisseurs évoquant « L’aigle de Tolède » pour Bahamontès, « Le grand fusil » pour Geminiani, « L’ange de la montagne » Charlie Gaul, les noms et les époques se mélangent dans mon souvenir. Sur le parquet mes petits coureurs en maillots colorés disputent une arrivée groupée dont va s’extraire un monstre tout en cuisses puissantes, Rick Van Looy, un sprinteur terrible qui me fascinait. Les crachotis du poste de TSF m’ont ramené à la réalité. J’ai éteint la radio et allumé la TV pour suivre le final de l’arrivée de l’étape de ce Tour 2008. Désormais l’imagination peut rester en veilleuse, la télévision nous montre tout, les paysages, les spectateurs, les voitures suiveuses, les cyclistes qui tombent en direct sous nos yeux, les oreillettes qui les relient à leur directeur sportif, demain soyez patients, on les verra pisser dans l’éprouvette à l’arrivée pour le contrôle anti-dopage. J’exagère car en fait j’adore suivre les étapes du Tour à la télévision, les images sont très souvent superbes et je préfère le son du tuner de ma chaîne Hi-Fi à ces postes antiques.   

 

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