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03/05/2009

Le yucca

Le printemps enfin arrivé, la nature a repris ses aises. Les parterres fleuris et les pelouses grasses ont redonné vie au domaine, les arbres de toutes essences se sont rhabillés, paradoxe l'hiver l'arbre est nu et quand vient le beau temps il se revêt. Les feuillages touffus nous cachent les immeubles en vis-à-vis et redonnent une intimité à nos vies passées sur nos balcons.

Les jardinières remisées pour l'hiver font leur réapparition fraîchement plantées des premiers géraniums ou d'autres plantes selon le talent des jardiniers d'appartement, des rouges et des mauves se conjuguent avec des jaunes ou des blancs, la palette des couleurs est infinie. Quelques timides insectes volants prennent leurs premiers repères, inspectant les balcons en prévision des nectars à venir, des papillons se lancent aux premiers rayons du soleil. Les pies se querellent dans des vols poursuite, rasants ou en piqué. Les pigeons commencent à roucouler, les vieux bouffis s'empressant derrière de fines jeunettes, ondulant du jabot et leur contant fleurette. Comme une patrouille de surveillance sinistre, un couple de corneilles survole d'un vol lourd le secteur sans que cela inquiète les merles s'essayant à leurs trilles.

Sur le balcon de l'appartement de ma femme, marguerites et géraniums premiers plantés se pavanent sans concurrence encore, indifférents au drame qui se joue au fond de la loggia. « La douleur qui se tait n'en est que plus funeste » écrivait Racine, et sur ce balcon il en est un qui ne dit mot mais qui souffre ; de le voir dépérir gâche notre printemps. Le yucca qui depuis bien des années trônait au milieu des plantations de ma femme, traversant les saisons sans peiner, aidé il est vrai d'un léger manteau de voile drapé autour de ses feuilles quand le gel poussait le thermomètre dans ses derniers retranchements, le yucca va très mal. Il est encore fièrement raide dans sont pot mais ses feuilles jaunissent et s'affaissent et l'on doit les couper tant elles nous font de la peine à voir. Que n'a-t-il supporté ? Est-ce l'hiver très rigoureux dont nous venons de sortir qui lui a été fatal. Ou bien succombe-t-il à la vexation d'avoir été étêté l'été passé. Trop haut il touchait le plafond de la loggia, sur les conseils d'un jardinier d'une enseigne bien connue nous l'avons scalpé et pansé, bref nous avons tout fait comme il fallait. Peut-être avions nous à faire avec un yucca d'une suffisance rare et ne supportant pas d'avoir été rabaissé s'est-il lancé dans une grève de la faim silencieuse dont nous ne mesurons que maintenant l'effet léthal.

Si le yucca est mort, nouveau paradoxe, il va falloir le déterrer et sortir un yucca de son pot ce n'est pas du gâteau. Dans l'immédiat nous attendons, quand la chaleur viendra peut-être va-t-il ressusciter, avec la nature tout est possible. Lecteur, si tu es jardinier, si la vie du yucca n'a pas de secrets pour toi, tu peux déposer un conseil avisé au bas de cette chronique.

 

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