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30/03/2010

Le bouquet de jonquilles

Elle est Roumaine ou d'une autre nationalité d'Europe Centrale ce qui ne change rien à l'affaire, assise à même le trottoir devant l'entrée du Carrefour Market ou bien dans le courant d'air au coin de la pharmacie de notre petit centre commercial. Jeune ou âgée mais le regard est le même, voilé de mélancolie ou de tristesse, avec cet aspect provincial comme une campagnarde montée à la ville, emmitouflée dans un vieux châle à motifs autrefois colorés, la tête enserrée dans un foulard qui a connu des jours meilleurs.

Devant elle, un pot ou une bouteille en plastique coupée pour en élargir le goulot et y placer des jonquilles. Le jaune éclatant des fleurs de printemps, seule note de gaîté dans ce tableau urbain, rend plus évident la pâleur de son teint. Quand un passant s'approche, elle tend la main timidement et lâche un borborygme inintelligible autant qu'inutile, nous savons tous qu'elle vend son petit bouquet. D'où viennent ces jonquilles, je n'en ai aucune idée et pour être franc je ne tiens pas vraiment à le savoir. Je suppose - j'espère - qu'elles ont été achetées à Rungis en grande quantité et réparties sur ces vendeuses à la sauvette qui peuplent nos rues quand le printemps revient.

Marchandes de jonquille en mars, petits vendeurs de muguet le 1er mai, ces fleurs ponctuent les agendas des citadins et me font penser au calendrier républicain institué en France en 1793 avec ces mois évocateurs, floréal, pluviôse, germinal etc. rares souvenirs de mes cours d'histoire. La main au fond de ma poche tâte la monnaie et en évalue le montant à mesure que j'approche de la vieille femme, je me laisse tenter et contre quelques pièces échangées contre son bouquet m'en retourne chez moi faire plaisir à ma femme. C'est le geste qui compte.