30/03/2009
Tentative d’essai ou ébauche d’un péplum en vers
Les personnages :
DEMETRIUS gouverneur de l'Ethiopie LANUS ministre des finances
POPPEE sa future femme PREPUS ministre de la police
CAIUS chef des gladiateurs PUPUS ministre des armées
CLOPORTE cuisinier
ACTE I
- Hé! bien Caîus, que m'apprend-t-on,
L'info vient de ton mirmidon :
Tes gladiateurs seraient en grève ?
Rassure moi bien vite. C'est un rêve.
- Ce ne sont que ragots bien sûr.
Mes hommes vivent tellement à la dure,
Qu'ils n'ont guère le temps de penser
A une révolte insensée.
Auraient-ils en tête cette marotte
Que bien vite le cul je leur botte !
Et mon mirmidon, ce nabot,
Tout ce qu'il dit n'est que glaviots.
- Tout sera prêt pour mon mariage?
Je veux dans l'arène un carnage.
- T'inquiète donc pas notre bon maître
Mes hommes dans la gueule vont s'en mettre !
J'ai aussi prévu quelques chrétiens
Qui dans le décor feront bien.
- Fort bien, fort bien. Va mon bon.
- Avé! Je m'en retourne donc.
Caîus, le chef des gladiateurs, sort. Démétrius reste seul et finit de déjeuner.
- Ce jambon n'est pas trop mauvais
Félicitons le cuisinier.
Garde ! Amenez le cuistot !
Que je lui en touche deux mots.
- Me voici seigneur, me voici.
Que me vaut l'honneur d'être ici ?
- Comment t'appelle-t-on marmiton?
- Généralement «Hé! Ducon!»
- Je parlais de ton patronyme.
- Vos mots pour moi sont des énigmes,
Si c'est mon nom qui vous importe
Sachez que je me nomme Cloporte.
- Hé! bien, Cloporte ta bouffe est bonne.
C'est une fine gueule, que ma daronne,
Tout repose sur toi, Hé ! Ducon
Pour au mariage faire un gueuleton !
- Démétrius, comptez sur moi.
Ce sera un repas de roi.
- N'aie peur, si tu rates ce repas
Mes lions consommeront ton trépas.
ACTE II
Une journée a passé. Démétrius préside un conseil des ministres. Tout le monde est vautré sur de larges matelas. Des esclaves distribuent du vin.
- Nous sommes tous installés, je pense,
Alors j'ouvre la séance.
Voici quel est l'ordre du jour :
Régulariser mes amours.
- Poppée enfin t'a décidé.
- Ca fera une belle mariée.
- Je suis bien d'accord messieurs
Mais mon plan est plus audacieux.
- L'amour ne t'a pas aveuglé
Tu vois toujours ton intérêt.
- Lanus, toi ministre des sous
En ai-je assez pour faire les fous ?
- Démétrius, de toute façon
Les pauvres et les esclaves paieront.
- J'attendais ce genre de réponse.
Mais, Prépus, ton visage se fronce.
Ministre de la police
Tu peux parler, entre en lice.
- Ton mariage me remplit de joie
Néanmoins j'ai bien peur pour toi.
Mes espions m'informent d'un complot.
Un barbare gonflé de culot
Pourrait de la noce profiter
Et dans la foule t'exécuter.
- Tu as toujours raison, Prépus,
Aussi je compte sur toi Pupus
Ministre de toutes les armées
Pour te joindre à lui et l'aider.
- Il en sera fait comme tu dis.
Rien ne nous échappera, pardi !
Mais tu n'as pas encore parlé
De ton stratagème si futé.
- Exact, Pupus, exact. J'y viens.
Bois une rasade et tiens toi bien.
Vous connaissez la belle Poppée
Je n'vous narre pas mon épopée.
Je l'ai enlevée à ses parents
Alors qu'elle n'était qu'une enfant.
Je l'ai nourrie, élevée, choyée
Maintenant je vais la troncher !
- Mais où est donc ton plan, seigneur?
Nous ne sommes pas des enfants de chœur.
Ce ne sont que ruses grossières
Pour qu'une fois femme, y fourrer l'ver ! ?
- A première vue tu as raison.
Mais l'affaire se corse mon garçon
Quand tu sauras que ma belle Poppée
N'est pas celle que vous croyiez !
Un informateur bien placé
Fait d'elle une bâtarde certifiée,
Son père serait notre César.
- Voilà de quoi nous émouvoir.
- Tu tables sur ce rebondissement
Pour t'en retourner vitement
A Rome, patrie de tes ancêtres ...
- Et si vous ne m'êtes traîtres
Je saurai vous récompenser
Soyez en ici, assurés.
- Je suis avec toi gouverneur!
- Tout le monde te suit, grand seigneur!
- Gouverner l'Ethiopie m'ennuie.
La chaleur et tout c'qui s'en suit
Je laisse cela à mon suivant
Et pars m'installer à Latran.
Quand j'aurai épousé Poppée
La vérité va éclater.
On saura comment le César
Dans sa jeunesse usait son dard !
- Tu veux ainsi le faire chanter?
- Je vais même ainsi le mater!
Pour s'éviter l'opprobre du peuple
Des Gaules jusqu'à Constantinople
Il ne pourra qu'à mes désirs
Céder ou bien me faire mourir.
- Il y a là un risque certain.
- Laisse-moi finir mon baratin.
César saura bien assez tôt
Que vous faites partie du complot.
En m'attaquant, il vous attaque.
Il devra donc tourner casaque.
- Ca, c'est ton opinion Romain!
- Nous en reparlerons demain.
La séance est levée. Démétrius regagne ses appartements, ses ministres finissent leurs coupes de vin.
ACTE III
- Poppée, ici? Vous m'attendiez?
- Asseyons-nous sous l'amandier.
De nos noces je veux vous parler.
On dit que par là, vous voulez
De César, tirer avantage.
Sont-ce ou non, bavardages ?
- Vous savez mon amour pour vous.
Alors, pourquoi ce vif courroux ?
Je vous ai promis l'avenir
Et m'y attèle sans coup férir.
Etre première dame d'Ethiopie
A votre beauté n'eut suffit.
Je veux vous voir épanouir,
Et des richesses romaines jouir.
Veux-tu te mêler à la cour,
Familière de César un jour ... ?
- Démétrius, toi tu vois loin
Pour moi, pauvre fille de catin
- Malin qui peut lire l'avenir
Et peut savoir son devenir !
ACTE IV
Plusieurs mois se sont écoulés, Démétrius et Poppée se sont mariés en grandes pompes (spartiates à lacets dorés).
Le plan a fonctionné, ils vivent maintenant à Rome et fréquentent assidûment le palais de César.
- Alors, Poppée, comblée enfin?
Tu fais donc partie du gratin.
Tous tes rêves se réalisent, non ?
Des esclaves et une belle maison
Tu peux venir me remercier.
Donne-moi donc un baiser princier
- Tu vas avoir bien plus encore
Prends cela à travers le corps !
Poppée s'empare d'une dague cachée dans les replis de sa toge et frappe par trois fois le cœur de Démétrius.
Surpris, il ne réagit pas et s'effondre aux pieds de Poppée, sur le marbre du patio. Celle-ci relâche le couteau, enjambe le corps qui tressaute encore et va s'asseoir près d'un bassin, où elle s'essuie les mains.
- Pauvre imbécile audacieux
Tu croyais lire dans les cieux.
En me rapprochant de César
Une chose que tu n'as su voir,
C'est qu'on était du même bois.
Il s'est ainsi vengé de toi,
Quant à moi, je suis sa maîtresse.
Tout le peuple de Rome se presse
Pour voir la femme du plus puissant
Homme, régnant de l'Ouest au Levant !
RIDEAU
19:18 Publié dans Nouvelles | Tags : péplum en vers, poppée, césar, caius, latran, rome | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |