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05/01/2011

Le facteur

Figure bien connue des villages et campagnes, le facteur a été maintes fois sujet ou personnage secondaire dans les romans du XIXe et début du XXe siècle, ou bien pour ceux qui n’ont pas le goût de la lecture, le cinéma l’a consacré grâce à Jacques Tati.

Lorsque je travaillais, le facteur ne m’était pas familier, en tout cas il n’occupait pas du tout mes pensées, le soir en rentrant chez moi j’ouvrais ma boîte aux lettres et basta ! j’en récupérais le contenu. Aujourd’hui ma vision des choses a évolué. Je ne reçois que peu de courrier mais je suis abonné à différents magazines ou journaux qui paraissent à des dates déterminées et je les attends impatiemment. Les premiers temps ayant suivi ma cessation d’activité, j’avais noté que le facteur passait en milieu de matinée vers 10h et les jours où j’attendais mon magazine, je descendais à la boîte peu après pour le ramasser. Je pensais que la tournée optimisée une fois pour toutes ne dérogerait plus à ce principe. Grossière erreur de raisonnement, quand un facteur est absent son remplaçant n’adopte pas obligatoirement la même règle – du moins en ville -, je dirais même plus, il prend carrément un autre chemin certainement par esprit de contradiction, ou bien le facteur habituel soit pour obéir à des ordres supérieurs, soit pour s’éviter la monotonie du parcours imposé, se met parfois à dévier de son trajet classique, commençant par la fin pour terminer par le début par exemple.

Vous qui n’êtes pas à la maison de la journée, vous ne voyez pas bien où je veux en venir et je vous comprends. Mais moi, si je sais qu’aujourd’hui je dois recevoir tel magazine, il m’est agréable d’en prendre possession au plus vite et d’en parcourir les grands titres, alors si mon facteur est passé vers 10h, chaque matin depuis plusieurs mois, je suis désappointé pour ne pas dire déçu quand à 15h passées, ma boîte aux lettres la gueule ouverte, attend encore sa pitance.

C’est avec ce genre de détails insignifiants que je commence à mieux comprendre les petits vieux qu’un rien inquiète ou qui d’un retard minime se font une montagne. Le facteur jusqu’alors transparent pour moi, pour ne pas dire invisible, est devenu une silhouette familière dans ma nouvelle vie, mais si je comptais sur lui pour m’éviter le port de ma montre, je dois remiser au fond de ma poche cette idée saugrenue.