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10/08/2008

Magnum

Je suis plutôt un gars non violent mais je comprends très bien Dirty Harry qui ne se sépare jamais de son Magnum. Moi-même dès que l’occasion se présente j’aime assez en avoir un en main, le soupeser au creux de ma paume, en apprécier la fraîcheur glacée sur ma peau. A cet instant ne m’approchez pas de trop près, j’aime avoir mes aises pour le sortir délicatement de son étui, avantage certain sur la crème glacée vendue en cornet dont il faut circonscrire l’effondrement par de grands coups de langue tout en rangeant la monnaie rendue par le commerçant ce qui met à mal temporairement votre classe naturelle et votre goût de l’esthétisme. Après avoir dégagé l’esquimau de son emballage rutilant vous appréciez sa masse, son volume régulier planté sur un bâton plat et ridiculement petit. Le givre blanc nappe encore la couche chocolatée extérieure, vous croquez, car ça croque ! Le chocolat dur et la crème glacée blanche et molle, à la vanille donc, vous emplissent la bouche, vous frissonnez un court instant. Des débris de la pellicule chocolatée tombent de l’esquimau mais malin vous l’aviez prévu, l’étui vous sert de coupelle maintenue sous la glace par votre seconde main, désolé pour les manchots, et récupère les miettes que vous pouvez brouter du bout des lèvres. J’ai dit chocolat et vanille, mais c’est affaire de goût, vous pouvez choisir un autre parfum, le « Classic » ou « aux amandes ». Personnellement je suis assez tenté par celui aux amandes. Quand le craquant chocolat est avalé, la crème glacée peut être savourée plus lentement, avec la langue et les lèvres vous pouvez la sculpter, en affiner la masse le long du manche en bois, rattraper in extremis une coulée crémeuse qui glisse vers vos doigts. Bientôt c’est le bois que vous sucez et qui vous averti que la fête est finie. Deux ou trois allers-retours du bâtonnet entre vos incisives permettent de racler des miettes de chocolat durci. Le bâton retourne dans l’étui et le tout termine sa vie dans une poubelle publique. Délicatement vous essuyez vos moustaches et vos lèvres, pour que ça fasse propre et ne pas faire de gâchis. Une fois de plus la vie fut belle un court instant.          

 

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