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11/04/2009

Sous quelle étoile suis-je né ?

Très jeune j'ai pressenti que le monde courait à sa perte, que les motifs soient économiques, le capitalisme ou économie libérale comme on dit plus pudiquement de nos jours, ne pouvant que pousser sa logique vers des extrémités fatales. Ou qu'ils soient écologiques, la Nature et l'Homme s'inclinant devant la force laminante du capitalisme encore, le Système par entropie prenant le pouvoir des mains de celui qui l'avait créé.

Que ce soit Marx, les écrivains de SF ou les premiers mouvements contestataires post-68, tous intuitivement nous avaient prévenus et m'avaient convaincu. Adolescent boulimique de lectures et curieux des idées à contre courant de la pensée officielle, j'ai fait mes choix de vie assez rapidement. Sans ostentation, ni éclat, sans m'engager dans des partis ou aucun groupe - ce n'est pas mon genre, le troupeau est toujours à un moment ou un autre liberticide - j'ai décidé de vivre en marge relative. N'allez pas croire que je sois un contestataire le porte-voix à la main, je ne milite dans aucun mouvement, je ne suis pas parti vivre sur le plateau du Larzac ni dans un ashram en Inde, encore que l'idée soit intellectuellement délicieusement séduisante. J'ai simplement décidé de vivre au « cœur de la bête » mais de ne rien faire pour favoriser sa croissance ; ne pas consommer plus que nécessaire (je n'ai jamais eu de voiture neuve et je n'ai carrément plus de voiture depuis une quinzaine d'années je crois), ne pas courir après l'argent sans vivre dans le dénuement pour autant. Les ermites, les moines bouddhistes, ceux qui vivent par choix sans rien posséder, forcent mon admiration en supposant que je sois capable d'admirer quelqu'un. Ne rien souhaiter, ne rien vouloir posséder. Comme l'enseignait le Bouddha, celui qui a atteint la Vérité « il ne regrette pas le passé, il ne se préoccupe pas de l'avenir, il vit dans l'instant présent ».

Pour adapter ma vie à cette ligne de conduite, que je ne respecte pas à la lettre je l'admets volontiers, la seule solution pour moi était de vivre seul. Il est impossible de tendre vers cet idéal si on n'accepte pas de vivre en solitaire. Sans vouloir ressortir les formules et analyses marxistes éculées, j'adhère au principe qui veut que le couple soit la cellule de base du capitalisme. On se met en ménage pour construire « un nid » et un avenir, bien vite un gamin arrive, les besoins sont plus importants, l'engrenage se met en place pour que la consommation devienne le moteur.

Je ne pouvais donc que faire le choix du célibat pour rester cohérent avec moi-même. Sinon c'était l'escalade assurée dans la consommation et parallèlement livrer à ce monde en roue libre vers sa destruction un ou des enfants innocents.

Maintenant il ne suffit pas de le dire, encore faut-il le faire et ce n'est pas aisé. Tous nos choix impliquent des sacrifices, seul le différentiel entre avantages/inconvénients les valide. Pour moi comme je l'ai dit, vivre seul était l'unique solution car je ne voulais pas d'enfants, or si l'on vit à deux il est quasi impensable d'imaginer pouvoir résister à leur besoin de pouponner. Si ces dernières années j'ai fini par céder et ne plus être un célibataire pur et dur, c'est que nos âges nous épargnaient cette dérive à laquelle j'avais résisté jusque là. Je précise néanmoins que je ne suis pas marié, ni pacsé et que « ma femme » et moi ne vivons pas dans le même appartement. Toujours cette idée tenace ancrée au plus profond de mon âme, être libre et pouvoir tout abandonner du jour au lendemain. « Ai-je choisi le bon sentier, j'en suis encore à me le demander » chantait déjà Michel Polnareff en 1966.