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19/08/2014

Le TGV entre en gare veuillez vous éloigner du quai

Les départs ne sont souvent que l’avers d’une pièce dont le revers est le retour. Ma femme m’avait quitté – pour les vacances ! – l’heure était venue d’aller la rechercher dans cette même gare où son train me la ramenait bronzée et reposée.

Bien entendu j’étais arrivé en avance, anticipant d’éventuels incidents de circulation des trains de banlieue ou de métro, sachant aussi qu’en ce 15 août férié, les uns comme les autres n’étaient pas en grand nombre sur les voies. Du coup, avantage de la situation, je me suis promené dans la grande gare parisienne, sans souci de bagages encombrants ou d’horaire à respecter.

Les marchands en ce temple du voyage ne manquent pas. Restauration et journaux évidemment, mais aussi la FNAC et un éditeur, ce qui n’est pas illogique, lecture et trains vont souvent de paire. Mais des boutiques de vêtements ? Peut-être que certains viennent jusque là avec une valise vide, afin de n’être pas trop chargés, puis qu’ils la remplissent avec des achats faits sur place, t-shirts et maillots de bain ? Le fin du fin étant de s’en débarrasser au retour, auprès du Secours Populaire, pour rentrer à la maison les mains dans les poches. Un bon plan quand on y réfléchit.   

La gare est très calme en ce vendredi matin. Peu de voyageurs, c’en est reposant. J’essaie différentes places assises aux quatre coins des lieux, aucune n’est réellement confortable pour une longue attente, les sièges n’ont pas de dossier pour repousser les squatters professionnels, sdf et autres. Seule la salle d’attente proprement dit, m’offre un fauteuil où reposer ma carcasse, certes il faut être muni d’un billet valide, mais le contrôle s’il existe bel et bien, prend son temps et laisse aux gens dans ma situation, tout le temps nécessaire pour filer discrètement.

Les moineaux de Paris, sont une attraction à eux seuls. Ici, ils sont chez eux et ça se voit. Dès qu’ils repèrent un mangeur de sandwich ou un picoreur de gâteaux secs – ce qui ne manque pas – ils le talonnent comme pickpockets roumaines, le touriste dans les rames de métro de la ligne numéro un. C’est tout juste s’ils ne vous grappillent pas les miettes prises dans votre moustache. Pas effrayés pour un sou, ils slaloment entre vos jambes, se baladent sous les sièges, passent d’un piqueniqueur à un autre et ratissent tout ce qui tombe à terre. Les balayeurs du service entretien peuvent leur dire merci.

Autres animaux étonnants dans ce zoo, les trouffions qui circulent en mission dans le cadre du plan Vigie-pirate. Pour être honnête, je les ai trouvés bien jeunes et je crains qu’ils fassent plus peur aux honnêtes gens qu’aux éventuels terroristes. Je pense à un très jeunot au visage rougeaud, énorme béret noir, comme un cèpe géant en treillis, l’air bonasse et souriant, son flingot sous le bras m’effraya vraiment. S’il devait l’utiliser, j’ai bien peur qu’il ne nous rejoue la scène éculée de l’arroseur arrosé… J’ai préféré m’éloigner de son périmètre de manœuvre.

Ca tombait bien, l’heure fatidique approchait confirmée par l’annonce dans le haut-parleur, « Le TGV entre en gare veuillez vous éloigner du quai.» Retrouvailles, baisers, je me suis retrouvé chargé comme un bourricot des bagages de ma douce. Retour au bercail.