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19/12/2012

Où l’on évoque les musées d’un ton désabusé

« Mes parents avaient plutôt réussi mon éducation, j’aimais la lecture, la musique – pourquoi avaient-ils à ce point échoué sur le chapitre des musées ? » s’interroge Amélie Nothomb dans Le fait du prince. La question est bonne, et c’est aussi celle que je me pose.

J’aime lire, j’aime écouter de la musique, ce sont même mes activités préférées, à deux doigts d’être celles qui occupent mes journées entièrement. Quant aux musées, comment dire ? Procédons précautionneusement. Dans l’absolu ils m’attirent et m’intéressent, qu’ils soient de peinture, de sciences naturelles, d’artisanat ou autre. Pourtant j’y entre assez rarement finalement.

J’ai toujours une bonne excuse pour ne pas y aller. Il y aura du monde, on va faire la queue pour entrer et je ne supporte pas cela, à l’intérieur on va piétiner devant les œuvres exposées, coincé dans la foule des visiteurs je vais avoir trop chaud, je vais avoir mal aux pieds, blablabla… La dernière fois que j’ai tenté le coup, l’exposition Edward Hopper au Grand Palais à Paris, après plus d’une heure d’attente je n’avais fait que la moitié du chemin pour accéder à la porte d’entrée, du coup j’ai abandonné et suis rentré chez moi, penaud et déçu.

D’un autre côté, je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de visiter ces petits musées de province où il n’y a pas un chat, c’est pire encore ! On n’ose pas se parler ou on le fait à voix basse, on marche presque sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller je ne sais qui – le gardien par exemple - en faisant craquer les lattes du parquet. Bref, on ne sait plus qui est mort ici, les artistes exposés ou les visiteurs. 

Autre argument avancé avec mauvaise foi. Dans les musées il y trop de choses à voir et comme le trop est l’ennemi du bien, cet excès - qu’on pourrait associer à une déclinaison du syndrome de Stendhal (l’écrivain visitant Florence fut soi-disant victime d’un malaise devant tant de beauté artistique) – m’étouffe et m’accable. Béotien en peinture, nul en sculpture, l’exposition à foison des unes et des autres me donne le tournis.

Quant à comprendre ce que je vois, dois-je me contenter d’une approche esthétique, faire confiance à mes yeux et mes sens seuls, ou bien dois-je m’enrichir des commentaires éclairés de mon guide au risque de pervertir ou submerger mes sentiments propres ? Le premier choix est certainement le meilleur mais sans le second on s’exempt de connaissances essentielles.

Alors les musées, je les fréquente parfois quand l’occasion se présente mais pour être franc, c’est une visite qui ressemble beaucoup à une obligation, « le » truc à ne pas rater sous peine de se faire taxer d’imbécile. Déclarer ne pas aimer les musées c’est me faire passer pour un imbécile inculte, mais dire le contraire serait exagérer et passer pour un imbécile vantard. Entre inculte et vantard j’hésite encore, mais imbécile je n’y coupe pas.