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28/06/2013

Ca ne tenait qu’à un fil

Il fut un temps où je n’y aurais pas même prêté attention, un non-évènement pour moi. Mais je l’ai déjà constaté, je ne suis plus celui que j’étais, les années empilées ne me font plus voir les choses avec le même œil, sans que ce soit un problème ophtalmique.

Un fildefériste intrépide qui se lance un défit improbable, grand bien lui fasse, du moment qu’il ne m’entraîne pas dans son aventure ridicule. C’est ainsi que j’ai appris que Nik Wallenda avait traversé le Grand Canyon sur un fil d’acier, à 450 mètres de hauteur au-dessus du Colorado, sans aucune protection ou câble de secours le reliant au monde des vivants en cas d’urgence. Allez savoir pourquoi, cette fois-ci j’ai été impressionné.

Il faut dire que les images en mettent plein la vue. Un type paraissant minuscule sur son filin qui n’en finit pas, tenant un balancier paraissant bien lourd qui le colle au filin, l’ensemble ressemblant vaguement à un insecte non identifié, se glissant le long d’une tige d’herbacée. A le regarder progresser lentement mais sûrement, j’ai ressenti – si j’ose dire, car moi j’étais dans mon fauteuil – le poids du balancier dans les avant-bras, les muscles des cuisses tendus sous le pantalon et le travail des pieds épousant l’épaisseur du câble. Mais surtout, j’ai imaginé ou crû deviné, l’importance du vent et du vide, ses véritables ennemis. Ce poids invisible qu’il a fallut combattre, autour et au-dessous de lui, comme un cauchemar éveillé où suspendu dans les limbes on ne s’explique pas la situation mais où l’on n’a qu’un seul but, continuer à avancer, car au bout, tout là-bas est le salut.

Vent et vide, les deux facettes d’une même chose, le RIEN. Ce rien auquel il ne pouvait, ni se raccrocher ni le repousser. Et comme physiquement il n’avait aucun moyen de combattre ces deux dangers extrêmes, il lui fallait trouver une arme adéquate. Une arme qui lui fasse ignorer ce gouffre monstrueux sous ses pieds qui l’appelait comme le chant mortel des Sirènes ; une arme qui lui permette de refuser la peur tout en restant lucide et concentré du premier au dernier pas glissé. Son esprit a fait tout le boulot, activant certaines zones du cerveau et en désactivant d’autres. Une faculté certainement pas donnée à tout le monde mais néanmoins accessible à l’Homme.

 

07:00 Publié dans Echos du monde | Tags : nik wallenda | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |