18/06/2014
Le pique-nique
L’arrivée de l’été, synonyme de soleil, va déclencher des envies de pique-niques dans la nature. La nappe qu’on étale sur l’herbe au pied d’un arbre accueillant nous garantissant une ombre salutaire à l’heure du repas. Le panier qu’on sort du coffre de la voiture ou les provisions tirées du sac à dos, taboulé, saucisson, pain et fruits, sans oublier une bouteille. Chacun a sa recette, crudités ou cochonnailles, vin ou eau, il y a plusieurs écoles et là n’est pas le débat.
La belle image bucolique que voilà et qui inspira nombre de peintres ou de photographes renommés. Et c’est vrai que c’est beau en image. En photo seulement, car moi j’ai horreur des pique-niques !
D’abord, trouver un endroit idéal ce n’est pas évident, car si vous pensiez être le seul à avoir cette idée, vous vous rendrez bien vite compte que ce n’était pas le cas. Et puis, la belle prairie verte avec son petit arbre vous protégeant du soleil, appartient certainement à un fermier qui l’a close de barbelés pour ne pas être emmerdé par des glandeurs du dimanche dans votre genre qui laisseront des papiers gras en repartant. Mais supposons que ce coin de paradis existe et qu’il vous revienne durant quelques heures.
Pour y accéder, il aura fallu laisser la bagnole à perpette, ce que vous n’aviez pas prévu au départ, inconscients que vous êtes, du coup, il vous faut trimballer les paniers en osier et la boustifaille avec les gamins qui commencent à s’impatienter « Quand est-ce qu’on s’arrête ? » « J’ai faim ! » « J’ai chaud ! » etc.
Enfin, la nappe est étalée et les victuailles appétissantes vous mettent en joie par avance. Las, déjà vous ressentez l’inconfort d’être assis par terre pour manger, mal au cul, mal aux genoux, ventre comprimé bloquant la digestion, vous n’avez plus vingt ans, un détail qu’on oublie trop facilement. Vous tentez de vous allonger sur le côté, comme les Romains dans les péplums, mais c’est votre coude qui morfle.
Bien entendu, le rosé sur lequel vous fondiez de grands espoirs est trop chaud et je vous épargne le cas où le tire-bouchon reste à la maison. Heureusement, le taboulé préparé la veille et avec amour par votre douce, va vous caler l’estomac… jusqu’à ce que vous constatiez que « ça bouge ! » dans le Tupperware laissé ouvert depuis que vous êtes installés sur l’herbe. Une colonne de fourmis s’est mise en tête d’en déménager le contenu vers son royaume souterrain. A partir de là, le grand chambard va commencer, des guêpes de passage, s’intéressent à vos pêches, d’autres bestioles non identifiées aux miettes du pain, sans parler de celles qui vous grimpent sur les mollets pour s’infiltrer on ne veut pas savoir où.
En général, l’heure de la retraite sonne à cet instant. Les gamins pleurent, la femme s’énerve d’un beau projet gâché, vous ragez de n’avoir pas encore déjeuné et à cette heure pour trouver un autre coin plus accueillant c’est mission impossible, quant à la sieste sous la brise avec le chant des oiseaux en bruit de fond, vous pouvez en faire votre deuil.
Alors moi, des pique-niques comme ça, je m’en passe volontiers.
05:00 Publié dans Echos de ma vie | Tags : pique-nique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |