Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/06/2013

Jamais content

Le beau temps est de retour et le soleil installé, tous les indicateurs de la satisfaction devraient être au vert, pourtant une fois encore la médaille a un revers. Un excellent prétexte pour râler, ce dont je ne vais pas me gêner. Il ne manquerait plus que cela.

La baie vitrée de la salle est grande ouverte, le soleil du matin entre en plein dans la pièce et la joie m’illumine le visage. Jusqu’à ce que mon regard se porte sur le meuble bas en bois qui fait face à mon canapé. Le plateau est gris d’un voile de poussière. Ce même voile s’est aussi déposé sur la table basse. La luminosité rasante me crie aux yeux que le ménage laisse à désirer ici. Tous les meubles paraissent ne pas avoir vu trace d’un chiffon ou plumeau depuis une éternité, ce qui est absolument faux, bien entendu. Je vous le jure. Mais qu’importent mes excuses ou mes explications, le fait est là, la poussière est partout dans mon appartement. Le grand soleil m’accuse et les preuves accablantes m’interdisent de le nier.

Je vois chaque grain distinctement qui luit comme un reproche. Et le tapis, je n’ose en parler. Des poils blancs de poitrine – oui, le vieil ours commence à se dépoiler – vont, si je n’interviens rapidement, tisser une fourrure incongrue sous mes pas. Quant aux vitres des fenêtres, pompon suprême sur mon accablement, elles sont carrément ignobles des coulées séchées des pluies récentes mêlées aux pollens et poussières végétales.

Réveillé triomphalement par le printemps entrant en force en mon royaume, je me retrouve roi nu d’un dépotoir immonde. Trahi et fustigé par celui que j’attendais avec impatience depuis de si longues semaines, ma peine n’en est que plus profonde. Mon bonheur flemmard s’est mû en désespoir ménager. J’abandonne mes projets bouquin/chaise longue et j’extrais du placard chiffon et aspirateur. Mais j’ai beau faire, tant que le soleil donne, la poussière se rit de moi.

Contrairement à ce que chantait l’autre, ma misère est bien pire au soleil et il ne s’en faudrait pas de beaucoup, pour que j’en vienne à regretter des cieux grisâtres mais moins délateurs.