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08/05/2008

La java bleue

979349717.JPGLa matinée est déjà bien entamée, le ciel bleu et le soleil s’en donnent à cœur joie, la température est déjà douce, les fenêtres sont grandes ouvertes, une douce sensation de vacances et d’été renforcée par le silence de ce jour férié. Depuis un moment déjà la mélopée avait attirée mon attention sans que je n’y fasse cas, allant et venant, s’approchant et s’éloignant comme le flux de la marée, puis plus distinctement l’air d’une java triste se précise. Sillonnant le domaine, un orgue de Barbarie pousse sa ritournelle dans l’espoir d’une pièce jetée des fenêtres. Une fois l’an à peu près, un couple poussant son antique instrument fait une quête. Ni lui, ni elle, ne réclame quoi que ce soit, ni ne chante, ils sont là tout simplement avec leur grosse boite à musique qui distille des airs anciens, javas ou polkas, qu’on diraient échappées des bandes sonores de films avec Arletty ou Louis Jouvet. Quelques visages se penchent aux balcons, quelques enfants tout étonnés appellent leurs parents ; des anciens cloués dans leurs fauteuils se réveillent rajeunis un court instant ; les euros ont bien du mal à s’extirper des porte-monnaie. D’où vient ce couple, quel bénéfice maigre tire-t-il de cette activité, où sont-ils le reste de l’année ? La romance s’éloigne au rythme du limonaire bringuebalant dans les allées ombragées. Si les beaux jours s’installent passeront aussi certainement, un rémouleur lançant sa complainte « Couteaux ! Couteaux ! » et le rempailleur de chaises. Les vieux métiers n’ont pas définitivement disparu même s’ils ne sont plus que des traits d’union entre hier et demain.