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07/07/2009

Dan O’Brien : Rites d’automne

O Brien.jpgEcrit en 1988 le bouquin de Dan O'Brien était paru en France en 1991 époque où je l'avais lu pour la première fois dans la collection 10x18, il vient de ressortir chez Au Diable Vauvert dans une très belle édition, simple mais élégante.

L'écrivain est aussi cow-boy et éleveur de bisons, tout en enseignant littérature et écologie, à ce titre il est un spécialiste du Grand Ouest américain. Son livre est dédié à la réintroduction du faucon pèlerin en Amérique du Nord ; en 1965 il ne restait que vingt couples recensés sur le territoire américain et en 1976 ils étaient trois couples dans les Rocheuses. Ce livre n'est pas un roman mais le récit de longs mois d'apprentissage pendant lesquels O'Brien va éduquer une femelle faucon, Dolly, née en captivité, à chasser et vivre seule sa vie d'oiseau de proie. Cette éducation va se poursuivre tout au long d'un périple qui suit les migrations, descendant du Nord des Etats-Unis au golfe du Mexique, où le fauconnier a prévu de lâcher l'oiseau définitivement.

Le livre est un manuel de fauconnerie, une ode à la nature, l'histoire d'une amitié entre l'oiseau et l'écrivain. On y parle de chasse, de chiens, énormément d'oiseaux - un pur régal pour ceux qui aiment ces animaux -, d'amitiés, de solitude choisie, de grands espaces, de liberté et d'Indiens. Mais attention, Dan O'Brien n'est pas un doux rêveur un peu gnangnan qui entretiendrait des liens d'amitié avec ses bêtes comme dans Trente Millions d'Amis, il sait que chaque espèce doit tuer pour manger et que le prédateur de l'une est la victime de l'autre, il sait que les animaux sont faits pour vivre libres.

Un bouquin magnifique, devenu un classique de la littérature écologique pour ne pas dire littérature tout court et dont Jim Harrison un autre grand a dit « De cette œuvre se dégage une dignité à couper le souffle ». A lire absolument.

« Le pèlerin règne sur l'imagination humaine car il est source d'inspiration. Sa beauté est raffinée. Les adultes ont le dos couvert de plumes d'un noir bleuté - chacun possédant un dégradé différent - et le poitrail large d'un blanc saumoné tacheté de noir. J'ai observé Dolly dans son plumage immature sombre, ses pattes d'un jaune virant au bleu, ses longs doigts fins, ses ongles d'ébène. A cet instant, elle a levé une patte pour se gratter le menton avec autant de délicatesse qu'une femme se frotterait le nez à une soirée mondaine. La patte toujours en l'air, elle a tiré délicatement sur la petite sonnette attachée à son tarse. Elle s'est tournée vers moi et ses yeux noirs m'ont transpercé. Si les yeux sont le miroir de l'âme, celle du pèlerin est profonde et majestueuse. »

Dan O'Brien  Rites d'automne  Diable Vauvert