Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/06/2011

La carte noire striée de zébrures

La météo annonçait l’orage pour samedi après-midi, la carte noire striée de zébrures sur la majorité de la France montrée par la télévision et commentée par la demoiselle précisait bien « risques d’orages ». Une chaleur lourde depuis le matin tendait à confirmer le pronostic, mais combien de fois déjà par le passé, les nuages espiègles étaient-ils passés au large, ignorant nos pelouses qui jaunissaient à vue d’œil devant tant d’indifférence. J’attendais donc la suite des événements avec prudence car mon bout de ciel dans l’encadrement de la fenêtre s’obstinait à contredire la Miss Météo. 

De manière insolite c’est une odeur pestilentielle qui m’a prévenu de son arrivée. Une odeur chaude et écoeurante de bitume brûlant quand les premières gouttes de pluies sont tombées dans l’allée au pied de mon immeuble. J’ai refermé la porte-fenêtre, incommodé par l’odeur. Le ciel était encore ensoleillé, d’où la surprise. Une première ondée qui a refoulé vers des abris les gamins et les passants mais rien d’extravagant non plus.

Ensuite les nuages noirs chargés d’eau sont arrivés, la pluie est tombée drue mais sans violence, quelques coups de tonnerre au loin pour confirmer la prévision, l’orage est là. Pipi de chat tout au plus, ce ne sont pas ces quelques seaux d’eau qui vont combler la nappe phréatique ni même redonner des couleurs à nos jardins qui peinent.

Mes jardinières n’ont pas bronché sous les averses et mes pensées après cet épisode humide ont redressé la tête. Avec fierté et un peu de mépris peut-être, de leur position enviée – jardinières entretenues et arrosées régulièrement – mes plantations ont jeté un œil sur leurs congénères moins bien loties, assoiffées et s’affaissant, dans les parterres du domaine. La lutte des classes venait d’ouvrir un nouveau chapitre de sa longue histoire. 

Depuis nous en sommes restés au même point, des nuages certes, des gris et tristes oui, des pleins d’humidité certainement, mais de la pluie jamais, du moins pas chez moi.