29/05/2013
On ne se méfie jamais assez des sardines
On ne parle pas souvent des sardines à l’huile, c’est un tort, car moi j’aime beaucoup ça. Des sardines à l’huile avec du pain beurré et une pomme de terre en robe des champs, un vrai régal. Vous le voyez, si un jour vous décidez de m’inviter à dîner, inutile de jouer à Top Chef avec moi, je suis un garçon simple et peu exigeant.
Concernant les pommes de terre, le pain et le beurre, je n’insiste pas, du moment que les premières sont fondantes, le second craquant sous la dent et le troisième demi-sel. Par contre les sardines à l’huile c’est une autre histoire. Pour la marque, chacun fera selon ses goûts et ses moyens. Par contre, tous devront prendre des précautions pour ouvrir la boîte. Car c’est là que les choses se corsent.
Quand j’étais gamin, il fallait une clé pour ouvrir les boîtes, un ustensile dédié exclusivement à cet usage et que nous avions tous dans un tiroir de la cuisine. Une tige métallique avec une extrémité préhensible et l’autre fendue, dans laquelle on glissait la languette métallique prolongeant le couvercle de la boite de sardine, ensuite en tournant la clé, la languette et le couvercle s’enroulait autour de ladite clé, ce qui ouvrait la boite et révélait les sardines. Pratique et ingénieux dans un premier temps, ne restait plus alors qu’à libérer la clé de son fourreau de métal, ce qui n’était pas toujours une mince affaire !
Aujourd’hui on ne se sert plus de clé, la boîte est munie d’un petit anneau sur lequel on tire pour retrousser le couvercle. Sauf que pour cela, il faut d’une main maintenir la boîte bien à plat sur la table et de l’autre tirer sur l’anneau sans trop agiter le tout, car comme son nom l’indique, sardines à l’huile, signifie qu’il y a de l’huile. Tant qu’elle reste dans la boite avec les sardines, tout baigne, si j’ose écrire. Mais si l’huile s’échappe, les ennuis commencent.
Or comme vous le savez, l’huile ça glisse, ce qui lui facilite les évasions les moins prévisibles et les plus ignobles pour votre intérieur comme pour vos vêtements. Le plus agaçant, c’est que pour tirer sur l’anneau, il est très difficile de ne pas appuyer du pouce sur le couvercle en même temps, ce qui a pour mérite de faciliter la manœuvre, mais pour inconvénient majeur, selon le principe d’Archimède, d’éjecter l’huile de son contenant. Tout corps (le couvercle) plongé dans l’huile… Il faut donc à peine ouvrir le couvercle, verser l’huile dans une assiette par cet espace minuscule et ensuite seulement dégager entièrement le couvercle. Ce n’est jamais vraiment très simple.
Une fois passé l’épreuve de l’huile, restent les sardines. Autant l’huile bien vivante ne cherche qu’à sortir de la boite, autant les sardines bien mortes s’y cramponnent au fond. Serrées comme vous savez quoi dans leur container, elles forment un bloc difficilement dissociable, une sorte de fratrie ne supportant pas la séparation définitive, ce qui un court instant pour peu qu’on ait du cœur, vous couperait l’appétit.
Mais la pomme de terre refroidit, il est temps de hâter la manœuvre. Avec une fourchette, délicatement glissée entre deux corps dodus, et un mouvement de levier habile tout en retenue pour éviter les giclures d’huile (non, tout n’a pas été évacué dans l’assiette, il en reste toujours bien assez pour vous tâcher le plastron), vous parvenez enfin à faire glisser un corps près de votre patate ; la partie est alors gagnée, les autres petites bestioles suivront sans problème.
Il ne vous reste plus qu’à déguster.
07:00 Publié dans Echos de ma vie | Tags : sardines | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |