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04/04/2012

Bric-à-brac

Bric-à-brac, amas d’objets hétéroclites et en désordre, telle est l’une des définitions du mot pour le Grand Robert. Et il est vrai que dans ma tête les souvenirs qui suivent sont un délicieux foutoir fait de bric et de broc dont ne me restent que des lambeaux d’images et de sensations agréables.

Objets hétéroclites, oui, car se sont toutes ces petites figurines ou cadeaux publicitaires que j’aimais récolter et manier, les retournant dans mes mains mille fois pour en savourer physiquement le plaisir que j’avais à les collectionner quand j’étais gamin.

La mémoire me manque pour les détails, des erreurs ou imprécisions vont peut-être se glisser dans le récit, mais par exemple j’adorais ces cartes que le confiseur me donnait pour l’achat de chewing-gums. Chacune représentait un pays, il y avait son drapeau national et différentes informations géographiques, surface, capitale, nombre d’habitants etc. Les informations recueillies me passionnaient mais plus encore, le format et la matière, un carton épais, me procuraient un bonheur sensuel. Sentir le paquet de cartes dans ma poche, était aussi doux pour moi, qu’une liasse de billets pour Picsou.

Bien entendu, un jeu d’échanges entre camarades était inévitable. Quand j’avais une carte en double il fallait que je m’en débarrasse au profit d’une autre, inédite. Parfois, l’échange pouvait aussi se faire sur un autre critère. Si un copain possédait une carte d’un pays dont le drapeau me paraissait extraordinaire ou l’exotisme certain, disons la Nouvelle-Zélande, je pouvais l’échanger contre une carte qui me plaisait moins dans ma collection. Tout était affaire d’esthétisme personnel.

Autres objets que j’aimais beaucoup, les cadeaux qu’on trouvait dans des paquets de biscuits, des petits beurres il me semble. J’ai le souvenir de deux séries, des drapeaux et des navires. Dans les deux cas, des campagnes publicitaires successives, le principe était le même. Dans le paquet se cachait un drapeau en métal et deux petites languettes repliables permettaient de le fixer dans un présentoir en carton qu’on obtenait après en avoir fait la demande par courrier au fabricant de biscuits. Le but étant de parvenir à remplir entièrement le présentoir, en forme de cadre.

J’aimais beaucoup les drapeaux, d’ailleurs quand j’étais gosse je me régalais à les contempler longuement dans les pages de garde de mon Larousse. Fier comme un paon quand j’étais capable d’identifier un pays lointain à partir de cet emblème, fasciné par ces codes de couleurs dont parfois seul l’ordre permet de distinguer un pays d’un autre. Alors quand j’ai découvert ces précieux objets dans nos paquets de biscuits, la cadence de consommation s’en est accrue.

Mais plus beau encore que ces étendards, c’est la collection de navires à voile, galions et autres, qui me subjugua le plus. Les voiliers de célèbres corsaires reproduits sur ces petits morceaux de métal m’emportaient dans des courses folles au milieu des océans, représentations imagées venant compléter mes lectures de romans d’aventures. Ces tout petits trucs, gros comme un pouce, en métal peint, suffisaient largement pour mettre mon imagination en branle. Je ne sais pas si les enfants d’aujourd’hui savent se contenter de si peu, mais à mon époque fin des années 50, début des années 60, moi ça me suffisait largement.

Ce sont-là, mes objets favoris, fétiches de mes années d’enfant. Bien sûr, il y eût aussi les fameux cadeaux Bonux entrés dans la légende. Précurseur des Kinder Surprise, le lessivier Bonux planquait dans sa poudre de lavage des figurines en plastique et quand ma mère revenait des courses avec un nouveau baril de lessive, c’était un peu la bagarre avec ma sœur pour savoir qui hériterait du cadeau. Un peu comme plus tard, avec la grande vogue des porte-clés. Mais là, on entre dans un chapitre sans fin et d’un autre niveau car ces porte-clés étaient souvent magnifiques et si j’ai abandonné très vite – arrivant à un âge où d’autres centres d’intérêt m’appelaient – c’est le genre même d’objet dont on je comprend très bien qu’on en devienne fou et qu’on les collectionne, même devenu adulte.