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04/02/2010

Mon oeil

Puisqu'il va être question d'œil, il m'est tombé sous le globe oculaire par un enchaînement de circonstances trop long à expliciter ici et sans intérêt pour la suite de l'histoire, un article publié sous la plume de René Pérez dans Le Télégramme.com de décembre qui mérite d'être lu pour sa remarquable contribution à la science.

« De récentes études le confirment les femmes ont un champ visuel plus large que celui des hommes. Elles voient tout! Cette particularité remonte, paraît-il, aux temps préhistoriques ou durant des millénaires, les femmes ont dû tout surveiller dans la grotte (le feu, les marmots, les prédateurs) pendant que l'homme allait au mammouth, loin du foyer. Ce qui explique, au passage, la raison pour laquelle l'homme réussit toujours à retrouver sa tanière alors que la femme est un peu paumée dès qu'on lui met une carte routière entre les mains. C'est connu.

Ce particularisme visuel peut aussi éclairer une question de société revenue soudain au devant de l'actualité: qui fait le ménage à la maison? L'homme, en raison de la faiblesse de son champ visuel, souffre d'un handicap manifeste. Surtout le Breton qui, depuis l'Antiquité, a dû mettre la main en visière pour regarder au loin l'état de la mer, le vol des oiseaux et le profil des nuages pour son labeur quotidien. Il en a développé une acuité qui, par ricochet, a réduit son champ visuel périphérique et sa capacité à bien distinguer certains détails de près. Ainsi, lorsque la femme dit à l'homme «tu vois la poussière, là ?», l'homme répond invariablement «de la poussière, où ça ?». C'est scientifiquement prouvé, l'homme ne voit pas la poussière alors qu'il voit très bien, de loin, la marque de la nouvelle voiture du voisin, comme au temps jadis où il chassait l'antilope.

Cette étroitesse du champ visuel explique aussi la raison pour laquelle l'homme n'est pas fait pour la vaisselle. 83,67% des assiettes ébréchées sont directement en lien avec cette incapacité de l'homme à bien distinguer tous les obstacles angulaires situés entre l'évier et le placard. Bing! Et souvent la femme doit intervenir («laisse, je vais faire moi-même»), consciente de la déficience visuelle de son descendant de chasseur. Ce handicap se vérifie aussi dans le test du frigo. L'homme est capable de retrouver des éléments dont il connaît le pré positionnement dans l'espace, comme les bières ou les glaçons. En revanche, le test de la plaquette de beurre est implacable. L'homme ouvre le frigo. Conscient de l'étroitesse de son champ orbital, il regarde à droite, à gauche, en haut, en bas. Mais du coup, il ne pense pas à regarder au milieu, là où généralement se trouve la plaquette de beurre.

 Alors devant tant d'évidences, peut-être faut-il cesser d'évoquer le machisme ou la fainéantise dans la réticence de l'homme à faire le ménage. C'est juste une question de champ visuel inadapté à l'étroitesse du territoire domestique. Mais il ne faut pas désespérer: maintenant que l'homme ne chasse presque plus, son champ visuel va lui aussi s'élargir. Et un jour, il deviendra enfin l'égal de la femme dans la maîtrise des arts ménagers. Disons dans quelques millénaires. »