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22/12/2011

Quand le vin est tiré il faut le boire

Je crois qu’il est plus que temps qu’on en vienne aux choses sérieuses. Quelques coups de semonce sans gravité comme la petite fraîcheur de lundi matin laissant des traces de verglas léger au sol, ou bien des courants d’air frisquets rencontrés ici et là, confirment que depuis aujourd’hui nous sommes entrés en hiver. Or, si la saison a bien des inconvénients, elle a aussi ses bons côtés dont l’un n’est pas pour me déplaire, je veux évidemment parler du vin chaud. Le vin chaud est une boisson composée de vin, bah ! oui on s’en serait douté, généralement rouge, mais parfois blanc, et d'épices qu’on consomme principalement en hiver.

Le premier vin épicé date l'Empire Romain. Sa composition en est donnée dans un livre d'Apicius (Marcus Gavius Apicius était le cuisinier officiel de l'Empereur Tibère. On dit aussi qu'il était le mignon de son fils Drusus. Extravagant, gourmet, débauché, viveur, il a été largement condamné par ses contemporains, en particulier, par les stoïciens mais aussi par les premiers chrétiens qui jugeaient sa cuisine scandaleuse. On dit qu'après avoir été ruiné, il se suicida ne pouvant maintenir son train de vie). Du miel était mis à bouillir dans du vin, puis y étaient rajoutées des épices, poivre, mastic, nard, laurier, safran, ainsi que des noyaux de dattes torréfiés et des dattes trempées préalablement dans du vin. Le tout était ensuite dilué dans du vin de qualité afin que le mélange soit doux. Puis pour le conserver on y jetait ensuite des charbons ardents.

Au XIIe siècle un vin épicé appelé "piment" est cité par Chrétien de Troyes. Des recettes de claret et de piment se trouvent dans différents ouvrages et elles sont majoritairement originaires de pays catalans ou de langue d'Oc.

Au XIIIe siècle la ville de Montpellier est réputée pour faire le commerce de vins épicés. Les traces écrites montrent que la recette de ce vin remonte à l'an 1249. Sa fabrication était possible grâce au port de Lattes qui recevait les épices venues d'Orient. Sa renommée fut telle que Henri III d'Angleterre s'en fournissait pour sa table. C'est d'ailleurs un document relatif à une de ses commandes qui nous fournit la première mention et recette de ce vin, dont le nom en latin médiéval désigne le clou de girofle, épice reine des vins épicés.

En Suède, s'installa une tradition du vin chaud quand le roi Gustav Vasa, grand amateur se le fit préparer avec un vin du Rhin, du sucre, du miel et des épices, cannelle, gingembre, cardamome et clous de girofle. À partir de 1600, cette boisson aristocratique devint populaire et prit le nom de Glögg (vin chauffé). Dès les années 1890, la tradition du vin chaud s'amplifia lors de la période de Noël. Chaque marchand de vin proposait sa propre version qu’il vendait dans des bouteilles aux étiquettes ludiques pour préparer son propre vin chaud.

Si vous avez eu l’occasion de vous balader sur les marchés de Noël en France ou en Europe, vous avez constaté que le divin breuvage est vendu sous différentes appellations. En Suède, le vin chaud porte le nom de glögg, alors qu'en Finlande on l'appelle glögi (surtout quand on en boit trop !). Outre la Suède et les pays scandinaves, le vin chaud est particulièrement apprécié dans les pays germaniques sous le nom de Glühwein. Le mot dérive de l'allemand glühen, recuire, et de wein, vin (ne pas le confondre avec le vin cuit). En France, il était appelé autrefois vin à la française, c'était un vin chaud sucré aromatisé avec de la cannelle qui se servait dans toutes les auberges à la fin du XIXe siècle. Depuis les Alpes, le vin chaud s'est répandu aussi en Italie où il est connu sous le curieux nom français de vin brûlé

Tout ce blabla est bien joli me direz vous, mais il serait peut-être temps de s’en jeter un derrière la cravate, comme disait mon grand-père. Alors, en voici une recette (parmi d’autres) dont les proportions sont données pour 6 personnes :

- 75 cl de vin rouge (10° ou 11°) – 1 écorce d’orange non traitée – 2 clous de girofle – 2 morceaux d’écorce de cannelle – 1/2 gousse de vanille fendue – 150g de sucre (c'est-à-dire une quinzaine de morceaux de sucre).

Verser le tout dans une casserole, porter le tout à ébullition puis laisser frémir, filtrer avec une passoire et déguster avec une rondelle d’orange dans chaque tasse (prévoir de hautes tasses).

Tout comme l’antigel dans votre voiture, un bon verre régulièrement et vous êtes parés pour passer un hiver en pleine forme !