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20/02/2013

La vie duraille des gens du rail

Quelque part dans l’un de ses romans*, Virginia Woolf s’interroge, « …elle voulait savoir s’il était de ceux qui lisent ou de ceux qui regardent par la fenêtre. » Une question qui ne vous vient peut-être pas à l’esprit spontanément, mais qui moi m’interpelle (oui, bon…) à chaque fois que je prends le train.

Ceux qui me lisent souvent doivent se dire que j’aime bien me prendre le chou avec des questions à la con. Ce n’est pas entièrement faux, mais j’y vois deux avantages immédiats. Primo, c’est la preuve que je ne m’ennuie jamais, ayant toujours une interrogation sur le feu, attendant une réponse. Secundo, ça me fournit à moindre peine, un nouveau billet pour mon blog. Là, je vois que ça vous en bouche un coin !

Si vous prenez un train de banlieue régulièrement, pour aller bosser par exemple, il y a de fortes chances pour que vous ne soyez pas dans la catégorie de ceux qui regardent par la fenêtre. D’abord et principalement, parce que faisant le trajet régulièrement, vous ne vous lassiez d’un paysage qui en soi, n’a d’ailleurs rien de folichon. Pavillon, pavillon, friche, immeuble, immeuble. Autre possibilité, affronter le regard de votre voisin(e) trop proche, mais il sera certainement, endormi ou menaçant, donc peu engageant. Il ne vous reste plus qu’à vous plonger, soit dans le monde sans fin de votre Smartphone, soit dans votre journal ou un livre. Le train de banlieue étant sûrement le seul moment de votre journée, où vous trouverez le temps de lire…

Dans les TGV ou trains de grandes lignes, l’option « regarder par la fenêtre » est plus cohérant. Les paysages peuvent parfois être réellement merveilleux, très souvent fort intéressants, même s’ils défilent comme une recherche rapide sur votre magnétoscope. Entre la faune locale, vaches brunes ou noires, les cultures du moment, blé ou colza, et les petits villages où l’on rêve de mourir d’ennui quand on sera à la retraite, durant les quelques secondes où on les traverse, l’esprit peut vagabonder et faire passer vite le temps du trajet. Panacher la fenêtre et le livre, l’idéal d’un voyage ferroviaire réussi pour moi.

Alors, pour vous répondre chère Virginia, permettez cette familiarité - que vous serez d’ailleurs en mal de me contester - entre « ceux qui lisent ou ceux qui regardent par la fenêtre », je ne vois pas d’opposition entre ces choix et ma réponse sera celle du bon sens, ni l’un ni l’autre ne sont recommandables, il faut au contraire alterner les deux possibilités. Veuillez agréer, Madame Woolf, etc… la formule de politesse habituelle.  

 

* pour les maniaques du détail sans importance, il s’agit de Nuit et jour