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11/12/2013

Les mains dans le cambouis

Je ne suis pas vraiment un bricoleur, d’ailleurs « vraiment » n’a rien à faire ici, puisque « pas du tout » ferait mieux l’affaire. Parfois je le regrette, mais seulement quand je suis confronté à un problème ridicule que je ne sais pas négocier tout seul. Comme hier.

Depuis plusieurs semaines, par moments, la chasse d’eau des toilettes fuyait. Un goute à goutte léger lui prenait, brisant le silence de l’appartement d’un agaçant flop ! flop ! discret mais d’autant plus énervant. Un genre de supplice chinois. Un supplice chinois ! Non mais je vous jure, toujours à exagérer tout. Certes, mais ça montre bien dans quel désarroi j’étais. Car sans être bricoleur, je suis quand même capable de faire un diagnostic, un joint lâchait prise et il fallait faire quelque chose. Là encore, je savais quoi, il fallait changer le joint. Je touche ma bille pour certaines choses, le diagnostic et même l’action à entreprendre.

Où ça coince, c’est quand arrive le « comment » on fait. Pour faire mon malin – non sans fierté – j’ai coupé l’arrivée d’eau dans le réservoir et j’en ai ôté le couvercle, pour voir le moteur ou la machinerie si vous préférez. Seul dans l’appartement, ça n’a épaté personne et j’en ai été pour mes frais. J’étais venu, j’avais vu, j’étais vaincu, car devant le mécanisme déballé sous mes yeux de béotiens, je ne savais guère quoi faire d’autre. Certainement que ça devait se démonter, mais comment ?

Quand on sait, ça paraît toujours vachement évident mais là, j’étais comme la poule qui trouve un couteau. Ma plus grande crainte, casser un truc et faire d’un incident, un méga problème. J’ai remis le couvercle sur le réservoir. Ne voyant plus mon ennui, il disparaissait. Temporairement. Bien sûr, je pouvais appeler un plombier, mais je me gardais cette solution en ultime recours. On connait cette race d’artisan, devant ma naïveté bricoleuse le plombier m’aurait poussé à changer complètement cuvette et réservoir de chiotte, le grand jeu avec facture du même calibre. On ne me la fait pas. Ou bien, je serais tombé sur le fameux plombier polonais et nous aurions passé l’après-midi à discuter en volapük des travaux à entreprendre et là encore, j’étais mal barré.

Il me restait une autre carte dans ma manche. Demander de l’aide à un voisin sympa, car contrairement à toute attente, il y en a. Bien m’en pris, patiemment, comme lorsqu’on s’adresse à un enfant pas vraiment en avance dans ses études, le brave m’expliqua que mon diagnostic était juste (soupir de fierté) et il m’apprit comment démonter le bouzin pour en extraire la pièce fautive. Sous son œil expert, j’ai répété le mouvement plusieurs fois.

Normalement l’histoire devrait se terminer ici, mais non. Il me restait à acheter un joint neuf. Chez le magasin spécialisé en bas de chez moi, un vendeur sympathique m’a fourgué un joint qui avait belle mine, joli couleur, texture agréable, odeur encourageante, bref j’en attendais monts et merveilles. Vitement rentré chez moi, fort de ma nouvelle science, j’ai filé aux toilettes. Mon habileté à démonter et remonter le nouveau caoutchouc m’a époustouflé. Las ! Cette fois la fuite timide était devenue une cascade d’un bel effet visuel mais tout à fait contre-indiqué dans le cas qui nous intéresse. Même moi j’ai compris que le joint n’était pas le bon et comme le vendeur me l’avait stipulé, c’était cela ou rien, son stock n’offrant rien de mieux.

Pour abréger, disons que je suis allé dans une ville voisine, chez un spécialiste de robinetterie, plomberie, sanitaire et que j’y ai trouvé un joint parfaitement semblable à celui qui m’avait lâchement abandonné. En deux coups les gros je l’ai réintroduit dans son logement prévu dans le mécanisme, dans un geste de quasi professionnel et la fuite a fermé son clapet. Fier comme un paon, j’en ai profité pour pisser un bon coup et tirer la chasse d’eau. Un sourire de satisfaction béate envahit mon visage, sans que l’on sache s’il était le résultat de la miction ou du travail bien fait.

La semaine prochaine, j’apprends à changer une ampoule.