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09/11/2008

Le permis de conduire

Nous sommes en 1971 et j’ai dix-neuf ans c'est-à-dire que je suis majeur depuis l’année dernière et c’est aussi le bon âge pour passer mon permis de conduire. Fortement encouragé par mon père un adepte de la conduite automobile, je m’inscris à l’auto-école d’Herblay, la ville où nous résidons avec mes parents à cette époque. Je potasse mon code dans le petit livret qui ne me quitte plus, tel un séminariste avec son missel et je teste mes connaissances lors des examens blancs que la responsable de l’école nous organise avec projections de diapositives dans la petite pièce de sa boutique. Pour la conduite, une Peugeot 204 vient me chercher chez moi, conduite par l’élève précédent qui termine sa leçon quand il se gare devant chez lui. Nous échangeons nos places et je prends mes marques comme nous l’a prescrit la monitrice. Vérifier la bonne vision par les rétroviseurs intérieur et extérieur, s’assurer de la position du siège et d’avoir mis sa ceinture de sécurité. Ensuite démarrer, mettre le clignotant, débrayer et passer la première vitesse, coup d’œil dans les rétros et c’est parti, si tout se passe bien. Nous circulons dans la ville puis nous nous dirigeons vers Pontoise pour tester le circuit que nous fera prendre l’examinateur lors du grand jour. Après un nombre de séances jugées suffisantes par l’examinatrice, mon dossier est envoyé à qui de droit et la convocation arrive. Le jour J à Pontoise nous sommes quelques uns à attendre notre tour, anxieux et n’en menant pas large, guettant le retour de chaque élève et son visage quand il sort de la voiture, quêtant quelques informations sur l’inspecteur, est-il vache ? A cette époque le code et la conduite étaient passés dans le même mouvement, quelques questions sur la théorie et roulez petit bolide, pour tester la conduite, l’inspecteur à ma droite et mon professeur à l’arrière sur la banquette. Arrive mon tour. Je m’assois dans le véhicule et suis les consignes que m’avait donné ma professeur, gestes outrés pour les vérifications d’usage concernant les rétros et la ceinture afin que l’inspecteur prenne bien conscience de mon scrupuleux attachement aux règles apprises. Je mets le moteur en marche et me prépare à partir quand l’inspecteur me pose une dernière question « Pouvez-vous lire le numéro de la plaque minéralogique de la voiture qui est garée à quelques mètres devant nous ? » Trente cinq ans plus tard je me souviens encore du long silence pesant qui s’instaura dans le véhicule. En une fraction de seconde, tout s’écroulait, alors que sur la banquette ma prof s’agitait, « Voyons, répondez ! » et qu’à ma droite l’inspecteur s’étonnait de mon silence. « Allez, répondez ! » Interrogatoire de flics, Gestapo, toutes ces scènes vues mille fois dans des films me revenaient en tête et me brouillaient l’esprit. Les secondes s’écoulaient inexorablement, à bout je lâchais « Je ne sais pas, je ne vois pas ». Une consternation muette émanant du fond de la voiture me glaça la nuque. Mon professeur venait de réaliser que depuis plusieurs semaines elle apprenait à conduire à un myope et qu’elle n’en avait rien deviné, la honte de ma non réponse devint moins lourde à porter quand elle fut partagée par la monitrice. La suite ce fut l’opticien et les lunettes, l’examen à nouveau et le papier rose chéri chèrement obtenu. Je n’ai pas obtenu mon permis du premier coup c’est vrai, mais je n’ai pas été recalé pour non connaissance du code ou mauvaise conduite, un cas d’école en somme. Demain je vous raconterai comment j’ai écrasé un piéton, on va encore se marrer !    

 

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