Courrier grippé

La lettre est arrivée hier dans ma boîte, papier brun vulgaire mais avec le logo tricolore de la République Française. Ce n'était pas une lettre du service des impôts, je n'étais pas en relation particulière avec l'Etat, alors que pouvait être ce courrier ? D'un élégant mouvement du poignet mon coupe-papier libère de son enveloppe une missive estampillée « Stop au virus de la grippe » qui commence ainsi « Nous sommes confrontés depuis le printemps dernier, au développement d'une pandémie grippale causée par le nouveau virus A(H1N1) » avant de se terminer comme suit « Vous pouvez vous faire vacciner sans rendez-vous, de préférence dans les 10 jours, dans le(s) centre(s) de vaccination indiqué(s) dans ce courrier, munis de cette lettre et d'une pièce justifiant votre identité ».

Petite parenthèse, pourquoi un « s » à muni puisque ce courrier est exclusivement personnel, le formulaire d'enregistrement au dos de la lettre est à mon nom avec mon numéro de Sécurité Sociale ? Une faute d'orthographe dans une lettre signée de madame la ministre Roselyne Bachelot-Narquin. Tss ! Tss ! Ce n'est pas sérieux.

Mais qu'est-ce qui est sérieux dans cette affaire ? Je viens d'apprendre par la radio que les centres de vaccination vont fermer le 1^er février et je reçois une invitation à me faire vacciner sous dix jours le 25 janvier ! Vous me direz qu'avec la neige en décembre et la grève récente dans le service public, le courrier a très bien pu avoir du mal à m'être acheminé. Avec cette lettre qui m'arrive bien tard, comme Grouchy à Waterloo, on peut se demander qui doit être soigné, moi ou la Poste ?

Quand je pense que la vieille dame de 90 ans du premier étage se plaint tous les jours à ma femme, qu'elle croise dans l'escalier, de ne pas avoir reçu sa convocation pour être vaccinée, alors que moi je n'ai pas du tout l'intention de me faire vacciner, je me dis qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond quelque part.