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16/03/2010

Johnny Winter à Bobino

Je n'en croyais pas mes yeux hier soir, je reprenais le chemin d'une salle de concert comme au bon vieux temps avec mon pote Jean-Mi et pour que ce retour dans le temps soit encore plus puissant, nous avions rendez-vous rue de la Gaîté à Bobino. Je n'avais pas remis les pieds dans la salle du quartier Montparnasse depuis ... que j'y avais vu Georges Brassens ! Ce type à grosse moustache avec une guitare en bois, transpirant comme une vache. Inutile de vous dire que je n'ai pas reconnu la salle qui entre temps avait été refaite.

Une file pépère de petits vieux entrait lentement dans la salle, sacrifiant au rituel toujours en vigueur, contrôle des sacs et des billets et sièges retirés pour que les fans puissent se ruer au pied de la scène. A notre âge ? Est-ce bien raisonnable de la part des organisateurs, qui au contraire auraient du prévoir des fauteuils et quelques déambulateurs. L'organisation des concerts de rock a toujours été un problème.

Le concert débute à 20h tapante avec un groupe de Southern rock/Boogie en première partie, « A l'Ouest le band », trio chantant (mal) en français (pas terrible pour le rock) leurs propres compositions. Le temps de régler nos sonotones et ils sortent de scène.

A 21h le groupe de Johnny Winter investit les planches, Paul Nelson à la guitare (mince et présentable), Vito Liuzzi à la batterie (la gueule bien usée) et Scott Spray à la basse (un costaud à béret à l'aise dans ses baskets) pour un morceau destiné à chauffer le public. Gros son, un peu trop même, le drummer tape fort et le bassiste s'acharne sur son instrument, glissandos le long du manche, cordes frappées et claques de la main droite, tout y passe. Arrive Johnny Winter.

Ceux qui ne le connaissaient pas n'ont pas du en comprendre plus, les autres comme moi ont ravalé leurs sanglots comme lorsqu'on va rendre visite à un vieux parent à l'hospice qu'on n'a pas vu depuis longtemps. Le grand et mince albinos fringuant n'est plus qu'un petit vieux plié en deux, bien qu'il ne soit âgé que de 66 ans, quasi aveugle les yeux dissimulés sous un stetson le protégeant de la lumière qui mécaniquement ira s'asseoir sur une chaise et n'en bougera plus durant son set. Johnny je le connais depuis toujours, depuis ses premiers disques en 1968/1969 et sur scène je l'ai vu à chaque fois ( ?) qu'il est passé à Paris - Palais des Sports 1974, le Palace 1979, La Cigale 1989 et l'Olympia en 1992 - long échalas arpentant la scène de ses longues jambes maigrelettes, secouant sa crinière blanc/blond d'albinos et décochant ses solos de guitare incisifs et tout en nuances, alternant rock'n roll et blues qu'il chantait d'une grosse voix puissante. Ce soir il ne reste plus rien du guitariste de légende qui fit l'affiche de Woodstock.

Les morceaux sont joués rapidement et presque méconnaissables, des reprises de Freddie King, il fera aussi It's All Over Now, ou bien Red House de Hendrix - qui triste ironie a bien piètre figure alors qu'elle ressurgit sur le nouveau CD de Jimi tout juste paru. En rappel, après avoir échangé sa mini guitare Erlewine Lazer contre une plus historique Gibson FireBird il interprètera Mojo Boogie et Highway 61. La musique était triste mais Johnny Winter, le vieil homme, semblait néanmoins heureux quand il est ressorti de scène. Avec mon pote Jean-Mi nous nous sommes éloignés de la maison de retraite en sachant très bien que c'était la dernière fois que nous le voyions et pendant quelques jours nous allons réécouter ses anciens disques qui eux sont immortels. 

 

 

 

 

09:48 Publié dans Musique | Tags : johnny winter, blues, rock, woodstock | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

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