02/06/2010
Le mendiant du mardi
Les piétons sont encore assez rares à cette heure, seuls les camions de livraisons et les petites voitures vertes des services de l'entretient de la ville de Paris sillonnent le quartier entre Châtelet et Beaubourg. Mêmes les quêteurs sont encore couchés, recroquevillés dans des couvertures ou des cartons, au pied des portes cochères ou dans des encoignures de murs.
Au bout de la rue Aubry le Boucher large et dégagée se profilent les tuyauteries du Centre Pompidou et sur ce vaste dégagement se dandine une haute silhouette telle un épouvantail. Je m'en rapproche inexorablement, inutile de tenter une dérive l'homme viendra à ma rencontre comme un missile téléguidé car je devine déjà son intention. Un grand type, propre sur lui - à vue de nez ! - l'air sympathique et une lointaine ressemblance, dans le sourire - les dents peut-être ? - avec Jacques Brel. Bien sûr il veut une pièce, la demande est gentiment formulée encadrée d'un « bonjour » et d'un « au revoir et bonne journée monsieur ».
Tout cela est bien banal hélas ! mais ce qui l'est moins, c'est qu'il n'est là - du moins à cette heure - que le mardi matin ! Est-ce un intermittent du quémandage ou un CDD de mendicité ? Peut-être a-t-il organisé sa tournée, comme les facteurs ? A moins que le résultat de sa quête du mardi lui suffise pour vivre une semaine ? Les explications plausibles sont nombreuses mais quelle est la véritable, à cette heure le mystère reste entier.
07:00 Publié dans Echos de ma vie | Tags : mendiant, sdf | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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