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03/07/2010

Le Guilvinec (1)

Les voici enfin ces fameuses vacances d’été, tant attendues. Cette année le tirage au sort a désigné la Bretagne, je dirai même plus, le Finistère, comme destination estivale. Voici des extraits de mon carnet de voyage.

Nous quittons la maison de bonne heure, vers 6h, afin d’éviter la circulation routière mais nous n’échappons pas à la pluie qui nous accompagnera toute la matinée, c'est-à-dire jusqu’à Lorient. L’après-midi, beau soleil pour compenser. Trajet sans problème avec ses arrêts habituels, petit-déjeuner, pipi (Hé oui !) et dégourdissement des jambes. Nous peinons un peu pour dégotter notre location au cœur de Tréffiagat, dans une toute petite rue encastrée dans les ruelles qui bordent le port. Tréffiagat et Léchiagat sont contiguës avec Le Guilvinec, les deux autres communes ressemblant plus à des quartiers excentrés du port de pêche bien connu.

Le voisin, avec force gestes des bras pour nous indiquer les quatre points cardinaux, nous a prédit une semaine de beau temps au vu des vents favorables. Nous nous sommes empressés de le croire, quand ça fait plaisir la crédulité est de mise. Avec le recul, ce brave homme avait tout à fait raison. Nous avons dormi comme des loirs et le soleil brille quand nous sortons de sous la couette. Nous nous aventurons au centre du Guilvinec, car en fait la ville « importante » c’est Le Guilvinec. Nous n’avons qu’à franchir le pont qui sépare le port de plaisance du bassin où sommeillent et meurent de vieilles embarcations. Le dimanche matin (et le mardi) c’est jour de marché dans la rue piétonne autour de la poste. Bars, restaurants, boutiques de souvenirs et cartes postales attendent les premiers touristes, tandis que les étals du marché aujourd’hui, offrent plus de textiles (t-shirts, foulards etc.), cuirs et bijoux artisanaux que d’alimentation. Quelques huîtres et produits de la mer, de la charcutaille locale et des légumes de petits producteurs, c’est tout. Chez le boulanger, longue queue pour finalement n’obtenir qu’une baguette. Avant de rentrer, une pause en terrasse d’un café pour humer l’atmosphère locale.   

L’après-midi, direction la plage ou plutôt les plages qui se succèdent le long du littoral séparées par des avancées de rochers dans la mer. Un cordon dunaire ceint la côte et nous cheminons sur le sentier de randonnée dominant la mer verte et bleue où les bancs d’algues ondulent mollement sous les vagues courtes. Bientôt nous quittons la dune pour redescendre vers la route qui maintenant longe un étang entouré de roseaux où se dresse fièrement un menhir de 8,50 mètres de haut, le menhir de Léhan. Datant du néolithique (4000 ans avant JC) il servait à indiquer un point d’eau. Quand on va en Bretagne, ne pas voir de menhir, c’est comme aller en Alsace et ne pas voir de géraniums ! Le vent marin et le soleil nous ont saoulés, nous nous éloignons du bord de mer et retournons vers notre maison par les petites rues intérieures de la ville où le vent se risque moins. Maisons de noble granit gris et toits d’ardoises, petits jardins fleuris. Je passe la fin de journée dans un fauteuil sur notre pelouse à lire et contempler les vols de mouettes criardes qui planent au-dessus de la maison. Le soir je constate avec stupeur que je me suis déjà pris des coups de soleil, sur les genoux et dans le cou, un saut chez le pharmacien s’impose car il faut que je crème mes surfaces écarlates.

100703 Ménhir du Léhan.jpg

 

Balade dans le centre-ville, jusqu’à l’extrémité du port de pêche. Photos de mouettes et de bateaux que les pêcheurs nettoient. Nous repérons l’endroit où les chalutiers reviendront ce soir, après 16h30, débarquer le produit de leur pêche, nous y serons aussi. Le Guilvinec est le second port de pêche de France ce qui explique la présence de tous ces bateaux amarrés, hangars et matériaux sur les quais. Même si ce matin l’activité est réduite, on sent que ça vit. Je pourrais rester assis sur un banc toute la journée à regarder le ballet des goélands rasant les mâts, les marins qui s’activent sur les ponts, les cliquetis des filins et des outils. 

L’après-midi, à l’heure prévue, les chalutiers rentrent au port, les uns derrière les autres, sur le quai les attendent, une mini grue, des caisses en plastique et des hommes pour aider à la manœuvre. Le poisson et les langoustines sont immédiatement engloutis dans le hangar où se déroulera la vente à la criée. Les touristes ont rappliqué en même temps que les mouettes, les uns sont installés sur une terrasse qui domine les quais, les autres furètent dans les mailles des chaluts à la recherche de morceaux de poissons. Les appareils photos s’activent, les zooms s’étirent et se rétractent, à Cannes sur la croisette les photographes s’exclameraient « Angelina Jolie », « Brad Pitt », ici ils égrainent « Une lotte », « Un merlu » ! Chaque région à ses spécialités.   

100703 Chalutier.jpg

 

J’ai enfin trouvé la pompe à vélo pour gonfler les roues des bicyclettes mises à notre disposition dans la location, dès que l’occasion se présentera je vais aller me dégourdir les jambes. Courses sur le marché, quelques vacanciers bien entendu, mais pas trop. Le flot de touristes a toujours pour conséquence de gâcher le paysage, esthétiquement d’abord et par les réflexions plus ou moins lourdes qu’on ne peut entendre qu’avec affliction. L’après-midi ma douce se sent en jambes, alors nous enfourchons nos biclous et en route ! Direction la route des plages vers le menhir. Il fait de plus en plus beau et chaud. Très peu de voitures qui d’ailleurs roulent au pas, nous nous laissons porter par l’élan donné à nos vélos, relancé de temps en temps par un coup de pédale mollasson. Rue de l’Océan, rue des Dunes, voilà qui fait rêver le vacancier, excusez-moi mais ça a une autre gueule que rue Léon Blum ou avenue Charles de Gaulle. J’ai hésité toute la journée, mais vers 16h je ne peux m’empêcher d’allumer le poste de télévision pour suivre le match France/Afrique du Sud de football, c’est ridicule d’espérances vaines mais on ne se refait pas. Les Français s’inclinent 2-1, les derniers clous d’une crucifixion qui n’aura que trop duré et dont on n’imagine mal qu’ils ressuscitent.

Un autre jour, après déjeuner, nous prenons la voiture pour aller à la Pointe du Raz. Une cinquantaine de kilomètres avant d’arriver sur le site, en passant par Audierne qui me semble une bien belle ville de bord de mer. Des parkings, des boutiques de souvenirs, des restaurants et des bars attendent le touriste de pied ferme là où finit la terre (Finistère !). Les menus des petits restaurants sont peu onéreux, vu l’emplacement, entrée-plat-dessert pour 10 euros maximum ! Trois parcours d’au moins 20mn de marche rejoignent la pointe du Raz d’où l’on aperçoit l’île de Sein. Le site est grandiose, une vaste lande de genêts et bruyères, le sémaphore et la colossale statue de la Vierge, mais par beau temps comme aujourd’hui c’est un peu frustrant, ça manque de vagues qui s’écrasent en écume sur les rochers en rugissant, comme mon imaginaire les voyait. Au retour, pause dans un bar à l’entrée, à l’ombre fraîche et bienvenue, une boisson donne droit à une crêpe (caramel, beurre salé) gratuite et délicieuse, pourquoi s’en priver ! Requinqués, nous pouvons reprendre notre route.

100703 Pointe du Raz.jpg

 

Comme d’habitude, le port, la rue commerçante du centre ville, puis la jetée qui aboutit au phare à l’entrée du port du Guilvinec. Nous déambulons sur le quai où ce soir les chalutiers rapporteront leur pêche. A cette heure, les employés des entrepôts de stockage lavent à grande eau les sols et les cagettes. Les mouettes et les goélands, tels nos pigeons de Paris, entrent de pied ferme dans les bâtiments en quête de nourriture facile mais la propreté des lieux les fait ressortir bredouilles.

Après-midi vélo, le château de Kergoz, le menhir de Lanvar et la plage de la Grève Jaune. Retour par le centre ville avec arrêt dans une pâtisserie pour acheter la spécialité locale, la tarte Bigoudène. Gâteau aux pommes, très riche en beurre et rappelant au goût, la tarte Tatin. Une pure merveille bien entendu. Faire du vélo pour s’autoriser ensuite une pause gourmande de ce calibre, moi je dis d’accord ! 

Journée blanche. Même ma femme s’est pris un coup de soleil en faisant du vélo, ce trop plein de soleil nous a un peu fatigués alors nous décidons de ne rien faire aujourd’hui. Le matin quelques emplettes en ville et l’après-midi une courte sortie vers 16h pour manger une glace, le reste de la journée nous le passons à la maison au frais, dans le jardin. Dès que nous sortons sur le balcon l’odeur du genêt planté devant la maison embaume l’air et selon les heures et le vent s’y ajoute un soupçon de fumet marin. A l’ombre, avec la légère brise qui souffle, lire au jardin est un bonheur absolu.

La nature est merveilleuse, sur le toit d’un hangar près du pont, trois petits goélands attendent avec impatience d’être adultes sous l’œil attentif et sévère de leurs parents et dans notre jardin, sous un bosquet un couple de tout petits passereaux apprend la vie à son oisillon, expérience de vol et recherche de son alimentation sous le couvert des buissons.  

Courses sur le marché. Je ne résiste pas à une part de Kouign Amann (gâteau au beurre en breton, et pour sûr ils ne mentent pas !) pour mon dessert de midi. De discrets nuages cachent légèrement le soleil et le vent est un peu plus fort que d’habitude, mais rien de méchant et la température n’a pas faibli. L’après-midi, balade à pied dans Tréffiagat jusqu’à l’église Notre-Dame des Flots puis retour par le bord de mer et la plage où quelques baigneurs et corps affalés sur le sable donnent un semblant d’animation. En fait nous sommes infectés par le virus de la langueur et plus rien ne me tente réellement, excepté glander dans le jardin, calé dans un fauteuil avec mon bouquin. Le corps et surtout l’esprit passe par plusieurs phases au moment des vacances, la première consiste en une lutte entre le cerveau qui cherche à fonctionner en mode « plein » comme si j’étais à Paris au boulot, et la réalité des faits où il s’avère que je suis en vacances et que je n’ai rien à faire de particulier. Durant plusieurs jours le conflit reste sans vainqueur, puis survient la seconde phase, le cerveau comprend qu’il est en « repos » et tombe dans l’excès inverse, il ne veut plus rien foutre ! Ce qui abouti à un amollissement du corps en parallèle. Une troisième phase voudrait que le cerveau adopte ce nouveau mode de vie comme étant le mode standard, mais c’est là qu’intervient un autre paramètre, mes congés sont terminés et je dois retourner dans l’enfer de la vie active. C’est là l’inconvénient des vacances courtes.   

Il fait très doux ce matin, je dirais même que le soleil est très agréable alors que nous partons faire notre virée en ville. Je ne sors jamais sans mon appareil photo et je réussi enfin à prendre sous toutes les coutures, cet oiseau marin qui chaque jour se défiant de moi, s’échappait à tire d’aile pendant que je réglais mon objectif. Bonne journée puisque je shoote aussi un couple de cormorans évoluant dans le bassin du port, plongeant sous les eaux durant de longues minutes. L’après-midi, visite de Haliotika, le musée de la pêche sur le port du Guilvinec. Visite très intéressante et instructive, photos et films, reconstitution du poste de pilotage d’un chalutier. Les documents d’époque sont particulièrement passionnants. Ensuite nous assistons une nouvelle fois à la rentrée des pêcheurs au port, je mitraille tant et plus, suivant les chariots de langoustines jusqu’à l’intérieur des hangars où ils font la queue pour la pesée.

Nous partons le matin pour Pont L’Abbé. Gentille ville, sans plus. C’est là que nous achetons quelques cadeaux pour les voisines qui ont arrosé nos plantes pendant notre absence. Déjeuner au frais dans un restaurant à l’abri du monde et tout proche des halles. Nous revenons par Plobannalec pour voir les dolmens de Kervadol, au milieu de la forêt et des fougères dont l’odeur me rappelle d’autres vacances, dans d’autres lieux, dans les Landes. Vient ensuite Lesconil en bord de mer avec sa grande plage de sable blanc à l’entrée de l’estuaire.

Depuis 48h je me réveille plus tôt, mais c’est un plaisir puisque c’est moi qui le décide. Vers 7h après avoir bu mon café, je sors sur la terrasse, les merles sifflent à tout berzingue déjà profitant que les goélands ne sont pas encore réveillés et ne nous cassent pas les oreilles avec leurs cris permanents. Dans les jardins, plantes et arbres frémissants sous la brise exhalent des odeurs enivrantes tandis que le soleil se hisse lentement dans l’azur. Aucun bruit, trace d’activité humaine, seul passe un piéton qui s’en va acheter son pain au bout de la rue. Instants magiques, le corps et l’esprit ne font qu’un avec la Nature, le présent me paraît surnaturel.  

Ne ratez pas demain un second et dernier épisode fort instructif, nous parlerons de l’activité principale du Guilvinec, la pêche. A l’instar du magazine de FR3 Thalassa, je vous proposerai des photos, des chiffres et de la vidéo ! Ludique et instructif, n’hésitez pas à venir avec vos enfants … Kenavo ! 

 

Vue panoramique du port du Guilvinec. Sur la gauche du bassin Tréffiagat, à droite Le Guilvinec.

     

 

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