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03/11/2010

Les feuilles mortes ne se ramassent plus à la pelle

Les feuilles mortes ne se ramassent plus à la pelle, les employés de la voirie sont désormais équipés de matériel plus performant mais aussi plus bruyant. Actuellement ils sillonnent les rues de ma commune presque chaque jour avec leurs aspirateurs/souffleurs greffés sur le dos. Les uns – petits joueurs - aspirent les feuilles alors que les autres pour les grandes surfaces, regroupent en tas, le long des trottoirs, toutes les feuilles qui tombent des arbres afin de permettre à une camionnette spécialisée dans cette tâche de récupérer ces monticules végétaux et les emporter vers on ne sait quel cimetière naturel à moins qu’ils n’alimentent un immense réservoir à compost.

Dans un bastringue assourdissant les cantonniers répètent chaque jour cette fastidieuse corvée qui durera ce que durent les feuilles encore cramponnées à leurs tiges. Cette tâche ingrate leur en fait voir de toutes les couleurs car les sols sont jonchés d’un tapis qui mélange ou alterne selon les secteurs, les jaunes et les orangés, les marrons clairs ou foncés, des verts aussi, des teintes éclatantes ou ternes selon que la feuille est fraîchement tombée ou non.

Devant la fenêtre de ma cuisine l’érable superbe il y a encore quelques jours a soudain perdu son éclat durant le week-end. Ses feuilles devenues d’un jaune très chaud tendant vers l’orange qui faisaient la fierté de son espèce ont abandonné leurs branches, poussées à la désertion par le petit vent qui sans relâche agite les ramures de nos arbres. En deux jours à peine l’érable a changé de visage, sa prestance naturelle a fait place aux blessures tangibles de la féroce saison, l’habit princier n’est déjà plus que loques au travers desquelles percent les rameaux et le squelette de bois sombre. Les feuilles qui ne formaient qu’un tout ne sont maintenant que des individualités. Certaines, les plus exposées aux vents, s’agitent tant et plus pour rester suspendues à la brindille mais la résistance n’a qu’un temps, il faut lâcher la mère et à l’issue d’une gracieuse descente virevoltante ou d’un beau vol plané, rejoindre les copines déjà mortes au sol. L’orgueil pousse à faire des exploits, quoique agonisant le feuillage répandu sur la pelouse et les allées désormais, tente encore de se montrer à son avantage et prend les aspects d’un tapis d’or, rare autant qu’éphémère. Quant au couple de pies vivant dans le secteur qui s’étaient appropriées cet arbre aussi dans leur territoire, elles paraissent désemparées de n’y plus pouvoir trouver une intimité que leur garantissait le feuillage jusqu’alors. D’ailleurs tous les autres oiseaux, ces petits passereaux de passage tolérés par les deux corvidés, ne s’attardent plus dans ces branches mises à nues qui n’assurent plus leur nourriture.    

Si le poète trouve matière à s’épancher, le passant ne se chagrine pas pour cette mort théâtrale du bel arbre car il sait que la nature a pensé à tout. Quand l’érable sera aussi déplumé qu’un canard à l’étal de mon volailler son sort sera moins tragique puisque saisonnier. Dès que reviendra le printemps, les bourgeons puis les feuilles reprendront leurs places et qui paraissait mourant renaîtra à la vie.       

 

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