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18/11/2010

Le Beaujolais nouveau est arrivé !

Tenez le vous pour dit, le Beaujolais nouveau est arrivé ! Tous les troisièmes jeudi de novembre, le beaujolpif de l’année déboule chez les marchands de pinard et sur les comptoirs des troquets. Tous les ans à cette époque quand les bouteilles s’exposent dans les vitrines, un léger mal de crâne tout à fait imaginaire aujourd’hui me rappelle l’époque héroïque où je ne connaissais pas la sagesse.

En ce temps là, dans l’autre siècle, mes copains de lycée – aujourd’hui mes amis – et moi, nous fêtions tous les ans le breuvage nouveau. Nous nous réunissions autour d’un repas, prétexte pour tester le Beaujolais tout juste arrivé ; chacun apportait sa bouteille ce qui constituait un bel échantillonnage de productions diverses et nous comparions les différentes productions. Nous avions modestement et dans notre coin, inventé ce qui fera la fortune de « Que choisir ? », les tests comparatifs.

Chaque convive ayant apporté son litre au minimum, chaque participant buvait au moins ce litre. « Il vaut mieux être saoul que con, ça dure moins longtemps » dit un proverbe qui m’est cher. S’il en est qui peinait, les autres se dévouaient pour finir les litrons, c’est la moindre des choses quand on est entre amis. Et que je m’extasie sur le goût de banane de celui-ci, ou ce je ne sais quoi de fruits rouges de tel autre, les langues claquaient, les nez humaient les fumets, les yeux admiraient les couleurs de rubis du liquide roulant dans les verres. Les godets se vidaient, puis se remplissaient, bien vite ils étaient vides, aussi rapidement ils étaient remis à niveau. Les heures passaient, la température montait, les plaisanteries timides avaient dégénéré en éclats de rire ; déjà nous étions demain, les langues devenues pâteuses peinaient à révéler ce que les cerveaux amollis n’arrivaient plus à concevoir, gagnés par le sommeil les plus solides restaient au poste, autour de la table, guettant d’un œil embrumé l’arrivée de la dernière bouteille.

Pas de quartiers et pas de prisonniers ! Quand on est jeune on est intransigeant. Les dernières goutte du nectar étaient équitablement réparties pour une dernière lampée, le jugement final pouvait tomber. Le vigneron vainqueur gagnait toute notre sympathie et d’éventuelles remarques par rapport à un cru passé. Le jour succédait à la nuit ou l’inverse, je ne sais plus, d’ailleurs cela ne changeait rien à l’affaire il était temps de rentrer chez moi. Il n’est meilleure compagnie qui ne se quitte et déjà nous prenions date pour l’année prochaine.

Le retour en voiture fut parfois étrange, entre l’instant où la clé faisait contact et le moment où je sortais du véhicule des blancs dans ma mémoire restent inexpliqués, mais la bagnole connaissait le chemin du paddock. « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération » n’avait pas encore culpabilisé nos vies, nous ne savions pas. Heureux les innocents. Que de migraines de cheval j’ai endurées après ces beuveries, car le Beaujolais nouveau, si vous voulez mon avis, très souvent à cette époque du moins, c’est une sacrée piquette !

Aujourd’hui, l’âge, la raison et la sagesse que j’évoquais plus haut, nous portent plus mes amis et moi vers des crus moins canailles. Nous avons remplacé la quantité par la qualité. Néanmoins, je n’hésiterai pas à sortir tout à l’heure acheter une bouteille (qui me fera la semaine), histoire de voir de quoi il a l’air ce Beaujolais nouveau cuvée 2010 !       

 

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