Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/02/2011

Noctambules

La nuit n’en finissait pas comme si le jour ne reviendrait jamais. L’homme était entré par hasard dans ce bar, en fait c’était le seul qui soit encore ouvert alors qu’il errait sans but dans les rues désertes de cette ville qu’il ne connaissait pas. Il était entré tout comme il aurait pu passer son chemin, quelle différence pour lui ? L’important était de trouver une occupation durant les longues heures à venir, jusqu’à ce que la gare ouvre son guichet et qu’il achète le billet de train qui le ramènerait vers New York, la ville qui ne dormait jamais.

Rapidement il se remémora les évènements qui l’avaient fait échouer dans ce bled impossible, mais c’était trop déprimant et de toute façon il était trop tard pour y changer quoique ce soit. Le pire n’était pas cette perte de temps ou cette longue attente stérile, mais la disparition de sa liasse de dollars, d’ailleurs était ce une perte, certainement un vol plutôt. Sûrement le type en imper sur le bras qui l’avait heurté dans la foule de la gare routière, leurs regards s’étaient croisés pendant une fraction de seconde mais la dureté des yeux de l’inconnu l’avait retenu un court instant fatal de tenter de le retenir. Le type avait disparu et son argent aussi.

Avec le peu de monnaie qu’il avait récupéré dans ses poches il ne pouvait se payer une chambre d’hôtel, même dans le plus minable du quartier le plus naze de cette ville de merde. Il n’avait que le prix du billet de retour et peut-être de quoi s’offrir une consommation dans un bastringue pas trop chic. Ceci expliquant cela, voilà pourquoi il avait atterri dans ce troquet trop lisse et trop froid pour qu’on s’y attarde longtemps.     

Un type au bar, en grande conversation avec son verre de bourbon et le garçon derrière son comptoir s’occupant comme il le pouvait en faisant la vaisselle. Notre homme au chapeau mou s’accouda et commanda un café, ce qu’il y avait de moins cher sur la carte. Profitant de l’aubaine d’un client à cette heure, le blond au calot blanc délaissa sa corvée pour entamer la conversation avec le nouveau venu. Boire, parler, fumer, la trilogie des noctambules épuisés, le seul remède contre l’ennui, la seule arme pour tuer l’attente interminable.

Quand la rouquine émergea des lavatories pour venir se glisser tout sourire sur le tabouret proche du sien, le chapeau mou devina immédiatement que la nuit n’avait pas encore révélé toutes ses surprises et quand il alluma l’une de ses dernières clopes, une interrogation fugace lui vint à l’esprit, ici ou New York, quelle différence après tout ?

 

 

Noctambules, hopper,

 

 

 

 

 

 

 

 

Hopper  Noctambules 1942 – Huile sur toile 76,2 x 144 cm – The Art Institute of Chicago

 

07:00 Publié dans Nouvelles | Tags : noctambules, hopper, nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

Les commentaires sont fermés.