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24/07/2011

Rites de mort

La nouvelle est tombée ce week-end, Amy Winehouse a été retrouvée morte chez elle. Le plus triste dans cette histoire, c’est que ce n’est pas vraiment une surprise tant sa déchéance perpétuelle (alcool et drogues) la conduisait inexorablement vers cette fin prématurée annoncée. Deux albums seulement (Franck en 2003 et Back to black 2007) et depuis, les seules nouvelles qui nous parvenaient n’étaient que récits sordides de concerts annulés ou de prestations alcoolisées diffusées sur YouTube.

Sans surprise d’ici quelques semaines ou mois nous aurons droit à un album Tribute dans la tradition de ces nouveaux rites de morts qui fleurissent dans nos sociétés. Quelques artistes viendront pousser la chansonnette sur un CD hommage à la défunte, déjà les télés y sont allées de leurs commentaires, les mêmes sur toutes les chaînes avec les mêmes images, car que dire d’une artiste aussi jeune (27 ans) n’ayant que deux disques à son actif ? Rien, si ce n’est qu’elle avait un potentiel certain et qu’on attendait qu’il explose.

Les fans eux, se sont massés devant son appartement et ont déposé des fleurs et peut-être des bougies devant sa porte, autre manière devenue habituelle pour les anonymes de manifester leur peine et de fournir de belles images aux caméras de télévision.

Il existe enfin un dernier rite, mais qui ne sera pas utilisé ici, c’est la « marche blanche ». Cette action avec banderoles criant « plus jamais ça ! » est réservée aux victimes qu’on nomme « innocentes », de tueurs, de chauffards alcoolisés, de pédophiles etc.

Bien entendu, aucune de ces actions ne fera revenir les morts parmi les vivants, aucune de ces marches n’empêchera de futures victimes. Les rites de mort ne sont pas faits pour les défunts, ils sont créés par les vivants pour les vivants. « La représentation qu’une société se fait du rapport entre les vivants et les morts se réduit à un effort pour cacher, embellir ou justifier, sur le plan de la pensée religieuse, les relations réelles qui prévalent entre les vivants. » Claude Lévi-Strauss (Tristes tropiques).     

 

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