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27/10/2011

L’éternel recommencement

J’ai toujours l’impression que ça n’arrête jamais, de janvier à décembre il me semble qu’ils répètent sans cesse leur action, sans espérer en voir le bout un jour.

Dans le domaine, sur le parking du petit supermarché à côté de chez moi ou dans les rues de la ville, cantonniers et jardiniers ramassent les feuilles des arbres. Condamnés à perpette. J’ai beau faire défiler mes souvenirs de cette année finissante, je suis certain d’avoir entendu tout ce temps, l’aspirateur à végétaux ronfler dans mon voisinage. Et il en tombe, il en tombe, des feuilles. Soit que la pluie d’orage dévête brutalement les branches des feuillus, soit qu’un insecte parasite ruine par l’intérieur le feuillage d’une essence qu’on croyait vigoureuse, soit que la saison vienne tout simplement nous rappeler qu’il est dans la nature des arbres qu’ils perdent leurs attributs quand arrive l’automne, les raisons sont multiples pour que le sol soit jonché de la défeuillaison. 

C’est beau un arbre sain qui perd son feuillage à l’automne après être passé par toutes les étapes intermédiaires, évolution des couleurs et finalement, séparation acceptée par les deux partis. Mais c’est triste aussi, quand en plein été je vois les marronniers jaunirent, gangrenés par le parasite qui lentement les bouffe et les met à genou.

Beauté et tristesse, poésie ou maladie, le chef des cantonniers ne peut qu’en tirer les conséquences, il doit lancer ses troupes sur le terrain. L’aspirateur au dos et le tuyau en main, ils quadrillent les rues, trottoirs et chaussées, pour repousser les débris végétaux, cow-boys urbains ils regroupent leurs troupeaux de feuilles en tas le long des avenues. Car l’aspirateur est en fait un repousseur, qui loin d’aspirer souffle au contraire son vent puissant qui refoule les feuilles devant les pas de l’employé communal.

Si on échappe aux beuglements des vaches on ne peut éviter pire encore, le ronflement lancinant de la machine qui souffle. Le matin, le soir, ici, là-bas, partout, tout proche ou dans le lointain, un aspirateur hurle son désespoir de ne jamais venir à bout de sa mission. Parfois les cantonniers font une pause courte, casque réducteur de bruit retiré, lunettes de protection remontées sur le front, l’aspirateur endormi gît et somnole à leurs pieds. Ils se regardent d’un œil qui s’il parlait dirait « Pff ! Ca ne finira donc jamais ? » et ils guettent avec impatience le camion qui doit venir pour ramasser les tas. Car, et c’est là leur drame, s’il tarde et que le vent se lève, le tas se carapate et s’éparpille en milliers de feuilles sur le macadam. Ce qui est fait doit être refait, existe-t-il pire punition ?              

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