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16/12/2011

Billet en coup de vent

Les dernières feuilles entrées en résistance n’ont pas tenu plus longtemps, les premiers coups de vent du début de semaine les ont envoyées au sol dans un chahut définitif. Désormais les arbres sont nus, tendant vers les cieux leurs bras décharnés comme des silhouettes de Giacometti. Mais il était écrit qu’ils ne seraient pas au bout de leur peine, après les feuilles ce sont les branches qui ont cédé sous la poussée du vent, les bourrasques ont démembré les plus faibles, brindilles et rameaux faibles jonchent les allées du domaine et les parcs de ma ville.

Le vent balaie mon balcon des poussières végétales tombées des jardinières, la frange du store replié claque comme un drapeau. Derrière les vitres de mes fenêtres, j’aperçois les arbres qui tanguent comme des danseurs pris de transes et les pigeons dopés par le souffle sont propulsés à des vitesses vertigineuses qu’ils maîtrisent néanmoins avec talent, pour preuves ces piqués et loopings qui semblent rajeunir ces oiseaux indolents en temps ordinaire.

Les passants courbés en deux pour réduire la face exposée aux courants d’air qui les frappent en   plein sont manipulés comme de vulgaires pantins, vent de face ils peinent à avancer, vent de dos ils doivent freiner pour ne pas être emportés. Sempé nous a déjà régalé de ses dessins, si justes et si drôles, représentant ces situations grotesques mais banales.

La nuit, ces grands coups de vent sont angoissants. Couché, j’entends le hurlement du zef qui vient se briser sur le pignon de l’immeuble juste au-dessus de ma chambre. Les bourrasques s’engouffrent en force dans mes volets tirés, ça craque et ça branle, parfois j’ai le sentiment que ça va lâcher et que ma fenêtre dénudée va se retrouver seule à affronter l’intempérie nocturne. Tourmenté par l’attente, le souvenir de la tempête de 1999 me taraude l’esprit, le sommeil emporté par le tourbillon me contraint à subir et supporter le fracas du noroît dans la mature.

Les rafales se succèdent, le rythme ralentit ou s’accélère sans que je parvienne à en reproduire mentalement le tempo, croyant le grain passé je pense me rendormir, mais ce n’était que ruse, un monstrueux coup de butoir contre les persiennes contredit mes espoirs.

Pourtant le cerveau réussira à s’isoler du barouf ambiant et sans que je m’en rende compte, la nuit se termine et je m’éveille au matin, tout étonné de ma bonne fortune, je suis encore dans mon lit, rien ne semble avoir réellement souffert des attaques nocturnes. L’ouverture des volets me révèlera l’étendue des dégâts à l’extérieur, s’il y a …         

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