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22/05/2012

Le Festival de Cannes

Le Festival de Cannes bat son plein. Comme tous les ans à la même époque les cinéphiles, paparazzi et m’as-tu vu se retrouvent sur la Croisette pour l’évènement cinéma le plus couru au monde.

Pour cette nouvelle édition, le jury du festival dirigé par Nanni Moretti a invité un couturier, Jean-Paul Gaultier, dont on ne voit pas bien en quoi il serait plus qualifié qu’un spectateur lambda pour juger des qualités des films en compétitions, mais basta ! Nous n’allons pas polémiquer pour un détail sans importance. Par contre, Pierre Assouline par un billet dans Le Monde des Livres (18/05/2012) s’étonne de l’absence d’écrivains dans ce jury. « La présence d’un écrivain dans ses rangs était pourtant une tradition depuis 1949 » précise-t-il. Il s’interroge d’autant plus que le cinéma fait de plus en plus souvent appel à la littérature pour lui fournir des scénarios.

J’ai peut-être une explication à ce qui ressemble à un manque de reconnaissance de la profession du film envers la profession du livre. Il ne s’agit pas d’un oubli ou d’une vexation voulue, mais au contraire d’un geste honorant les écrivains.

Si les livres servent souvent à nourrir les scénarios, la garantie d’une adaptation réussie n’est jamais assurée. Les grands romans ne font pas obligatoirement les bons films, contrairement à ce que peuvent en penser les producteurs de cinéma. Ce serait trop simple. D’ailleurs, de nombreux écrivains vendent les droits d’adaptation de leurs bouquins mais ne s’impliquent pas dans l’écriture du scénario. Combien de ratés à l’écran tirés de best-sellers de l’édition ? Combien de romanciers déçus par la mise en images de leurs œuvres ?

C’est en cela que l’absence d’écrivains dans le jury me paraît faire preuve de bon sens et je dirais même plus, contribue à maintenir en vie une population à risques : les gens de plume. J’en veux pour preuve, la fin tragique de Boris Vian.

Boris Vian qui désapprouvait totalement l'adaptation de son roman, est mort dans la salle au début de sa première projection. Le matin du 23 juin 1959, il assiste à la première de J'irai cracher sur vos tombes  réalisé par Michel Gast, au cinéma Le Marbeuf à Paris. Il a déjà combattu les producteurs, sûrs de leur interprétation de son travail, et a publiquement dénoncé le film, annonçant qu'il souhaitait faire enlever son nom du générique. Quelques minutes après le début de la projection, il s'effondre dans son siège et, avant d'arriver à l'hôpital, meurt d'une crise cardiaque. 

Alors, qu’aucun écrivain ne participe au jury du festival cinématographique ne me choque pas, bien au contraire. C’est là une preuve de tact et de respect pour la vie humaine des romanciers de la part des organisateurs. Je les en félicite.

 

 

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