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19/06/2012

Figure humaine

La nuit ne tarderait pas à tomber, il était plus que temps de songer à rentrer. Tout l’après-midi j’avais arpenté la forêt de Marly, l’appareil photo en main, à la recherche de nouveaux insectes à épingler dans mon bestiaire numérique.

Depuis que j’avais réussi à marier habilement, un hobby, l’entomologie d’amateur avec une activité physique non contraignante, la marche, je vivais heureux comme un roi. Chaque jour ou presque, quand la saison et la météo s’y prêtaient, je partais en balades pédestres l’œil rivé au sol ou sur la végétation, à la recherche de mes bestioles.

L’exercice n’est pas toujours plaisant, car à chercher la petite bête on tombe parfois sur celles que l’on ne voudrait pas voir. Dans mon cas, j’ai une sainte frousse des araignées pour ne pas dire une terreur absolue. Je les évite tant que cela est possible, évitant de mettre mon nez où je subodore qu’elles me guettent, mais quand on chasse l’insecte, dans les herbes ou les feuilles, l’arachnide n’est jamais bien loin. Qui ne m’a jamais vu ressortir d’un fourré en courant et gueulant comme un putois n’a pas idée de ce qu’est une situation comique. Comique pour les autres, pas pour moi. C’est donc toujours avec cette appréhension en tête que je m’aventure dans mes safaris photographiques.   

Pour autant, les insectes ne me laissent pas tous indifférents ou de marbre. Tant qu’ils gardent leurs distances, tout va bien. Souvent c’est ainsi qu’ils se comportent, mais c’est moi qui ne suis pas raisonnable. Qui imaginerait qu’une si petite bestiole puisse être aussi horrible quand on la regarde de près ? Pour ça mon zoom est intraitable et le retour devant mon écran d’ordinateur parfois épouvantable. Voir en gros plan, ces mandibules, ces pattes crochues, ces yeux énormes, ces poils noirs, sans oublier les rostres et les antennes de toutes formes.

Parfois j’en fais des cauchemars et vous savez comme sont ces rêves noirs. Ils emmêlent à loisir le vrai et le faux, déforment la réalité ou l’enjolivent, font d’une chose minuscule une horreur gigantesque. Les films de science-fiction se délectent de ces images d’insectes, elles sont une source inépuisable dans laquelle puisent les réalisateurs pour créer leurs monstres venus d’ailleurs, piquant ici une trompe, là une carapace.

Alors cette nuit, tôt couché et fatigué de ma longue marche en forêt, impressionné par les photos prises dans la journée, à l’instar de ces cinéastes, mon cerveau épuisé s’est laissé aller à me jouer un vilain tour. J’ai vu l’hybride de l’insecte et de l’homme, il semble amorcer un geste amical, mais peut-on lui faire confiance ?      

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Max Ernst Figure humaine 1931 – Huile et plâtre sur bois 183 x 100 cm – Stockholm, Moderna Museet

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