26/07/2012
Copie conforme
Des amis m’ont dit le plus grand bien d’un spectacle qui se jouait à Paris récemment, Before The Wall. Il s’agit d’un groupe de musiciens complètement inconnus qui reprennent sur scène les grands succès du Pink Floyd. Une vidéo sur Internet assez bluffante corrobore leur jugement mais me laisse assez dubitatif.
Je connaissait ce concept né il y a plusieurs années déjà, où des inconnus se consacrent exclusivement à reproduire sur scène la musique d’un groupe illustre. Les Beatles (avec The Rabeats) ou Genesis (avec The Musical Box) par exemple renaissent le temps d’une soirée, joués à la note près par des adorateurs passés à l’acte ultime, ressusciter leurs idoles et permettre ainsi à des spectateurs de revivre les heures heureuses de leur jeunesse. Voire encore, pour les plus jeunes, découvrir in vivo – si l’on peut dire – une musique qu’il ne connaissait pas.
Qu’un artiste reprenne une chanson d’un autre, sur disque ou sur scène, cela s’est toujours fait, c’est une sorte d’hommage bien naturel et les versions les plus intéressantes son souvent celles qui s’éloignent de l’originale pour en donner une approche toute différente et personnelle. La prise de risque induite, même si elle n’est pas toujours réussie, reste une tentative honorable pour celui qui s’y aventure.
Maintenant, monter un spectacle fait uniquement de reprises d’un seul groupe et jouées à la note près comme les aurait interprétées leurs créateurs, il y a là quelque chose d’assez étrange. Limite inquiétant. Comme enfiler les habits du mort et sortir dans la rue pour lui redonner vie. Il n’y a pas d’escroquerie ni de tromperie, acteurs et spectateurs savent très bien ce qu’ils font et il n’est pas question pour moi de les blâmer, loin de là. Tous sont dans la salle pour ranimer la flamme de la nostalgie.
Au moins s’agit-il de musiciens en chair et en os, car on pourrait imaginer des hologrammes recréant « en vrai » nos chers disparus. La tentative a déjà été faite pour un titre ou deux, incorporés dans le show d’artistes célèbres et l’on évoque ces jours-ci, une éventuelle tournée à venir avec un Michael Jackson virtuel. Par parenthèse, je suppose que cet exploit technique doit coûter bonbon aux organisateurs. Nos imitateurs du Pink Floyd font petits bras, pour ne pas dire amateurs, devant de tels projets défiant les lois de l’entendement. Le monde science-fictionnesque de Philip K. Dick n’est plus bien loin.
Toujours est-il, que d’aller voir un tel spectacle clonant un groupe musical connu, c’est un peu comme accrocher dans son salon une reproduction d’une toile de maître dont l’original est au Louvre. Un artefact ou un succédané aussi réussi soit-il, reste néanmoins une copie qui ne vaudra jamais l’original. Et heureusement, car sinon cela voudrait dire que tout chef-d’œuvre peut être réédité à l’infini, ce qui quelque part (mais on ne sait pas où) serait inquiétant et ôterait beaucoup du mérite attribué aux artistes créateurs.
07:00 Publié dans Musique | Tags : musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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