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11/09/2012

Vieilles images pour vieux souvenirs

Il est sympathique ce vieux calendrier de l’année 1904 édité par le Bazar de l’Hôtel de Ville. Un quai de Seine de la rive gauche. Sur le fleuve passent des bateaux à vapeur tandis qu’au loin dans le flou, l’Hôtel de Ville se dresse majestueusement tout empreint de sa notabilité. Au premier plan, des gamins qu’on devine espiègles.

L’un d’eux attire particulièrement l’attention, il est juché sur un muret et tout dans son attitude révèle le gamin débrouillard, plus malin que ne le supposerait son âge. Impossible de ne pas penser en le regardant, à l’un des frères Marx. Pas celui du Capital, mais celui des Groucho, Harpo et Chico, voire Zeppo pour les connaisseurs, les Marx Brothers. Pour être plus précis, le gosse est le portrait craché de Chico ; les joues, le chapeau cloche, tout m’évoque ce rigolo.

Déluré, c’est lui qui s’adresse à la jeune fille qui s’est arrêtée. Ce n’est pas une petite marchande d’allumettes, son panier en osier déborde de bouquets de mimosas, il faut bien vivre et il n’y a pas de sots métiers. Elle vient de se ravitailler au Marché aux Fleurs, situé juste derrière elle, et débute sa tournée. Pourtant elle n’a pas pu s’interdire cet arrêt, attiré par le bagout du gamin à peine plus jeune qu’elle. Il la tente avec ses statuettes en plâtre blanc, pourtant il ne les vend pas, elles servent de cibles à son jeu de massacre.

Deux autres gosses qu’on jurerait échappés de La Guerre des boutons, ont payé leur obole et se préparent à lancer la bille qui explosera en mille morceaux poussiéreux l’un des tanagras que notre Chico utilise pour aguicherla mignonne. Sur le chemin de l’école, ils n’ont su résister à l’attrait d’une partie de chamboule tout. Béret de skieur alpin pour l’un, casquette pour l’autre, brodequins pour tous, de petits hommes en réduction avec le poil en moins.

A demi dissimulé derrière le muret, le compère de Chico se retient pour ne pas éclater de rire. Il sait par cœur le baratin de l’autre, même si lui ne serait pas capable de le débiter avec autant d’habilité et d’à propos, surtout à une fille. Car le bougre a de l’aisance avec les dames, capable d’enchaîner les phrases les unes aux autres pour faire taire tout scrupule chez sa victime. Souvent il n’obtient rien mais parfois il se dégotte un rencard et le lendemain, fier comme Artaban il se pavane heureux de sa soit disant bonne fortune.  

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