16/01/2013
Like A Virgin
Le magasin Virgin des Champs-Elysées va fermer ses portes, le luxueux temple de vente d’objets culturels est mort, je n’y gravirais plus son grand escalier de marbre montant vers les bacs à disques.
Je pensais être attristé par la nouvelle, pourtant elle me laisse complètement indifférent. Je ne parle pas de l’aspect social et des pertes d’emplois induites, ce n’est pas sous cet angle que je voudrais aborder ce billet. J’ai longtemps acheté beaucoup de disques et, tout comme je vénère livres et librairies, les disquaires furent durant de nombreuses années mon terrain de jeu favori, le royaume où j’aimais fureter pour y dénicher les perles constituant le collier de ma discothèque.
Pourtant, quand je pense aux disquaires que je fréquentais alors, ce n’est pas à Virgin que je pense. Chez Virgin j’ai acheté des CD, comme chez Carrefour j’achète mes nouilles et mon PQ, un supermarché sans âme, plutôt bien fourni en musique mainstream mais chiche en raretés pointues pour amateurs éclairés, comme je pense l’avoir été à une époque déjà ancienne.
D’autres magasins parisiens m’ont réellement peiné quand leurs portes se sont closes définitivement. Sans ordre chronologique, ni d’importance, je citerai le Lido Music sur les Champs-Elysées où j’avais acheté le tout premier album de Led Zeppelin en 1969, Le Discobole dans la galerie de la gare Saint-Lazare où j’ai fait l’emplette de mes premiers 33 tours avec l’argent offert par mes parents à Noël et converti en Canned Heat (celui avec On The Road Again en 1968) et autres merveilles, Givaudan rue du Bac où je me suis rué pour acquérir en « import » le jour de sa sortie, le coffret Let It Be des Beatles ou l’album Imagine de John Lennon. Enfin, je n’oublierai pas Music Action à l’Odéon, boutique minuscule où le tout Paris connaisseur, faisait provision d’imports rares, d’albums aux pochettes en carton épais aux coins coupés arrivant directement des USA comme ces Flamin’ Groovies ou New York Dolls.
Si vous êtes un peu dans la partie, vous m’aurez compris et devancé dans ma conclusion. J’ai pleuré la fermeture des disquaires, quand ceux-ci vendaient des albums en vinyle, des objets artistiques, parfois des pièces rares, que je tenais serrés sous mon bras jusqu’à mon retour chez moi et la grande jouissance, placer la galette sous le diamant du bras de la platine et tout en découvrant la musique, me délecter de la pochette, son graphisme et ses notes explicatives.
Quand Virgin est arrivé, le CD avait pris l’ascendant sur le vinyle, une page était tournée. Aujourd’hui l’enseigne disparaît, je ne me réjouis pas bien sûr, mais je n’y trouve pas motif à m’émouvoir, aucun lien affectif n’est rompu puisqu’il n’y en eut jamais.
07:00 Publié dans Musique | Tags : virgin, disquaires, disques | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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