Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/01/2013

Le plat du jour

Sont-ce les premiers flocons de neige et les petites gelées du matin ou bien est-ce la grisaille du ciel, toujours est-il que cette météo hivernale me donne des envies de nourritures roboratives.

Rangez ces salades et ces filets de poissons que je ne saurais voir, donnez-moi du costaud dans des sauces épaisses que j’épongerai avec un beau morceau de pain.

Qu’on m’apporte un bœuf carottes au fumet délicieux, qu’on plonge un jarret de porc à la belle couleur caramel dans une marrée de lentilles, que la choucroute disparaisse sous sa garniture calorique, que le boudin noir et ses petits oignons se prélasse sur son lit de purée faite maison, que le cassoulet mijote à feux doux sur les fourneaux, que sais-je encore. Les images se bousculent dans ma tête, les odeurs m’assaillent les naseaux, les saveurs font frémir mes papilles, la déglutition alarme mes boyaux qui eux-mêmes préviennent mon estomac.

Mon sain esprit ne l’est plus tellement, le délire approche, pour détourner mon attention des plaisirs de la table qui n’est pas encore dressée, j’ouvre un magazine de ma femme mais comble de malchance, je tombe directement sur la double page des recettes de cuisine et je me sens aspiré dans un gosier sans fin dont je ne m’extrais que par un extraordinaire effort. Affolé, je lâche le canard et me rabats sur le courrier tout juste arrivé. Horreur et malédiction, un nouveau catalogue Picard, un prospectus des promotions charcutières de Carrefour, les papiers me tombent des mains, je m’écroule dans un fauteuil la bave aux lèvres, tel Homer Simpson devant un doughnut géant.  

Est-il écrit que je ne vivrais que pour manger ? N’ai-je donc vécu que pour cette infamie ? Que diable allais-je faire dans cette galère ? Interrompu dans mes réflexions cultivées par la porte d’entrée qui s’ouvre, j’entends ma femme m’interpeler : « Quand tu auras terminé de vociférer tout seul, tu pourras mettre le couvert. Pour le dessert, j’ai acheté une nouvelle galette des rois chez le boulanger, elles sont vraiment trop bonnes. »

J’oublie les premiers flocons de neige et les petites gelées du matin. 

Les commentaires sont fermés.