26/02/2013
Les vieux cons
Les cons sont partout, c’est bien connu. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement puisque nous sommes toujours nous-mêmes, le con pour un autre. Conséquence directe de cette constatation, le nombre des cons est en constante augmentation et l’espoir de voir s’inverser la tendance complètement improbable.
Si chacun est un con pour son voisin, il est vite fait d’en déduire que nous sommes tous cons. Dans ces conditions, s’exclamer « Ah ! Quel con ! » en parlant de tel ou tel, comme s’il s’agissait d’un trait exceptionnel et détestable a autant de sens que de maugréer « Ah ! Un blond ! » ou « Ah ! Un brun ! ». Blond, brun, roux, con, des caractéristiques tellement partagées qu’elles n’en sont plus.
Pourtant, s’il y a des blonds de toutes sortes, plus ou moins foncés pour les pointilleux du détail, un blond reste un blond. Alors que des cons, la palette de leurs talents n’a d’égale que leur nombre pour ainsi dire. Parenthèse, on peut trouver con un ami cher qui saute à l’eau tout habillé, dans ce cas on dira « Oh, le con ! » avec un sourire attendri et bienveillant et le mot n’a plus rien à voir avec le « Ah, le con ! » rageur, de l’automobiliste à qui l’un de ses congénère vient de faire une queue de poisson pour se dégager d’une file de voitures. Il y a donc, con et con. Nous ne nous occuperons que de ce second cas, ici.
Si nous sommes tous cons, il devient impossible de dresser une nomenclature exhaustive de toutes les variétés ou catégories de ce type de comportement. Du moins est-ce un travail dépassant mes capacités et qui n’aurait, de toute façon, pas sa place dans l’espace restreint d’un article de blog.
Pourtant, une approche superficielle fait apparaître trois sortes de cons. Les cons en général, qui répondent à l’invective « Ah, le con ! », certainement la catégorie la plus répandue ; et les cons générationnels, subdivisés en « Jeune con ! » et « Vieux con ! ». On commence alors à y voir plus clair.
Si le « Ah, le con ! » laisse la porte ouverte à toutes les interprétations et cette multitude de catégories dans lesquelles je n’ai pas la force d’entrer, comme je l’indiquais précédemment, « Jeune con » et « Vieux con » me semblent plus évidentes et plus simples à cerner. Ce qui saute aux yeux, ou aux oreilles, c’est que ces deux expressions renforcées par une notion d’âge, ne peuvent émaner que de deux sortes de catégories de population, les jeunes et les vieux, chacune attribuant à l’autre, le petit plus qui tue. Traiter l’autre de con, ne suffit pas, il faut l’enfoncer avec un complément de mépris.
Pour le jeune, « vieux » est le comble de l’épouvantable et inversement pour le plus âgé. Le premier fait sentir au second que son temps est passé et même dépassé, qu’il n’est plus dans la course et qu’il devrait en tirer la déduction logique, c'est-à-dire disparaître définitivement. Quant au second, il signifie au jeune que par sa jeunesse même, il ne sait rien encore et qu’en conséquence il ferait mieux de la boucler et ne pas la ramener, du moins était-ce ainsi que les gamins devaient se conformer quand il avait leur âge, il y a une éternité, mon dieu comme tout change et comme le temps passe vite.
Pour ma part, il faut être lucide, il m’est difficile de traiter qui que ce soit de « Vieux con ! », je ne suis pas aveugle, j’ai dépassé la DLC (date limite de consommation et non pas date limite de la connerie, puisque par nature elle est illimitée). Il ne me reste donc plus que le « Jeune con ! » et voyez comme le hasard fait bien les choses, c’est justement l’expression qui me vient le plus naturellement à l’esprit désormais. Quelle coïncidence !
07:04 Publié dans Echos du monde | Tags : les cons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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