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19/03/2013

J’aime pas les restes

Installez-vous confortablement sur le divan comme vous en avez l’habitude et expliquez-moi ce qui vous amène aujourd’hui. Vous le savez, rien de ce que vous me direz ne sortira d’ici. Vous pouvez donc parler, je vous y invite fortement même, et me dire ce qui vous trouble et vous obsède.

Merci bien docteur. Il est vrai que sans vous, je ne sais pas à qui je pourrais m’adresser pour révéler toutes ces névroses qui m’obnubilent et me prennent la tête sans cesse. Cette fois je voudrais évoquer un trait de mon caractère qui date de toujours, je crois. Rien de bien grave à première vue, ni de très difficile à vivre, mais qui m’agace quand j’en prends conscience.

Je ne supporte pas les restes, dans ma cuisine. Quand je parle de restes, il peut s’agir d’une petite portion dans la casserole, que je vais m’obliger à terminer pour ne pas la voir dans mon frigo. Mais ce n’est pas exactement de ce genre de restes dont je voudrais parler, car ce cas-là me parait plus excusable. Si c’est pour les conserver dans le réfrigérateur et ensuite les y oublier, il est préférable de leur faire un sort avant.

Mon problème, même si le terme est trop fort, ce sont les fonds de pots ou de boites. Par exemple, les pâtes. Si je prépare la quantité nécessaire et qu’il me reste dans le paquet, à peine de quoi faire une portion suffisante la prochaine fois, inévitablement je vais la verser dans la casserole d’eau avec la préparation en cours, au risque d’en avoir de trop. Et comme ce surplus risque de me faire un reste, je vais le manger ! C’est vicieux, je sais.

J’applique le même travers, avec le pot de confiture ou le bocal d’olives, le dernier carré de chocolat dans la tablette comme un quignon de pain dans la huche. Même gavé, s’il reste un fond dans l’emballage, il faut impérativement que je l’achève. Et si je parviens à refreiner mon désir, ça va me travailler jusqu’à ce que je cède.  

Un TOC si vous voulez mon sentiment, un trouble obsessionnel compulsif, or qui dit TOC, n’est pas loin de dire toc-toc ! Bien entendu j’ai cherché à en déterminer la cause ou l’origine et je suis presque certain qu’elle découle de mon besoin impérieux d’ordre et de propreté. Je déteste les miettes qui traînent et les trucs pas rangés, or j’associe emballage quasi vide avec quasi déchet. Comme pour moi le déchet doit urgemment rejoindre la poubelle, si je le range dans mon placard, c’est contrevenir à mes règles de propreté !

C’est en cela que je me sens des affinités avec Mr Monk et Hercule Poirot, experts en maniaqueries diverses, qui m’amusent beaucoup dans les séries télévisées, mais qui m’effraient tout autant quand j’éteins mon poste, car je ne suis pas en reste !

 

 

 

 

 

 

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