27/09/2013
Blue Jasmine film de Woody Allen
Jasmine (Cate Blanchett) mariée avec Hal (Alec Baldwin), homme d’affaires fortuné, vit luxueusement à New York dépensant sans compter et menant une vie mondaine. Ginger sa sœur ( en fait elles ont toutes deux été adoptées par le couple qui les a élevées) vit à San Francisco beaucoup plus modestement. Caissière dans une supérette, deux gamins, séparée de son mari, courtisée par un mécano. Jusqu’au jour où Hal, est arrêté en pleine rue pour escroqueries et combines financières et se pend dans sa cellule. L’univers de Jasmine s’effondre, ruinée elle demande à Ginger de bien vouloir l’héberger, le temps qu’elle remette de l’ordre dans sa vie.
Quand Woody Allen reparait tous les ans en septembre, c’est comme un vieil ami que je m’empresse d’aller retrouver. Imaginez, il y a plus de quarante ans et son premier film, Prends l’oseille et tire toi, que je le suis. Fidélité n’est pas aveuglement, toute sa production n’est pas égale, s’il y a du très bon, le très mauvais n’est pas rare pour autant. Avec les années j’en ai pris mon parti. Or, tenez-vous bien, le cru 2013 s’avère d’excellente qualité ! Non pas un bon film, mais un très bon, carrément. J’en suis le premier surpris.
Pourquoi ce Blue Jasmine est-il si bon ? D’abord parce que – paradoxalement pour un Woody Allen- il n’est pas drôle. Il y a belle lurette que Mr Allen ne fait plus de films « rigolos » comme à ses débuts mais ils sont dans la veine de la comédie, or ce nouvel opus lui est franchement poignant, pathétique et sombre. Nous ne sommes pas non plus dans le drame, le kleenex à la main, mais le fond est dur. Hal, un genre de Madoff, a piqué le fric de beaucoup de gens, y compris un gros gain inespéré qui pouvait sortir Ginger de sa modeste condition. Jasmine, écervelée ou ne voulant rien voir des magouilles de son époux et de ses infidélités conjugales, passe des salons dorés au caniveau. Ginger, bonne fille finalement, recueille avec le sourire Jasmine qui la snobait du temps de sa splendeur et doit encore supporter ses sarcasmes sur ses conditions de vie. Et alors que Jasmine semble pouvoir se relever, en fin de film, un coup du sort malheureux va la renvoyer dans les cordes. Un excellent scénario donc.
Mais il y a mieux encore. La performance de Cate Blanchett est absolument remarquable. Femme à terre, avalant ses médocs comme d’autres des Smarties et picolant ses Martinis, elle est loin de l’image glamour ou lisse qu’elle serait en droit de vouloir montrer. Le regard dans le vague ou halluciné, le cheveu gras, son désarroi crève l’écran. Une ligne parfaite mais un visage démonté et surtout, surtout, cette voix… Il faut absolument voir le film en VO pour profiter de ses intonations de voix, quand elle descend dans les graves, le regard embué, nous ne sommes pas loin d’une performance à la Gloria Swanson (Boulevard du crépuscule) ou des actrices de cette trempe ou un peu plus tard de la grande époque du cinéma américain. Quelle claque !
J’étais venu voir mon Woody Allen annuel, je suis ressorti de la salle de cinéma sidéré car je ne m’attendais pas à un si bon film
Blue Jasmine film de Woody Allen – durée : 98mn – avec : Cate Blanchett et Alec Baldwin
07:00 Publié dans Films | Tags : woody allen, cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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