14/10/2015
J’étais là mais j’ai rien vu
Assis dans mon canapé, je bouquinais en écoutant la radio en sourdine. Peinard. Puis il y a eu ce « shponk ! » ou quelque chose d’approchant. Pas très fort, pas vraiment inquiétant, mais assez net pour que je tourne la tête vers la fenêtre, source de ce bruit bref et étrange. Et je l’ai vu.
Le cadavre a tressauté quelques secondes à peine, juste le temps que je m’extirpe du confort douillet où je bullais depuis une heure ou deux. Quand j’ai ouvert la porte-fenêtre, il était trop tard, le corps ne bougeait plus. Le petit oiseau était mort. Définitivement.
« J’étais là mais j’ai rien vu » monsieur l’inspecteur. L’explication la plus probable n’est qu’hypothèse. L’oiseau volait trop vite et s’est écrasé contre la vitre. Pourquoi ? On ne le saura jamais. Il n’y avait pas de soleil éblouissant ce jour-là, mes voilages étaient tirés, rien ne pouvait laisser imaginer – même pour une tête de piaf – que la route soit libre. Pourquoi est-il entré dans la loggia à tombeau ouvert ? Etait-il poursuivi par des malveillants ? Est-ce un suicide délibéré ? L’enquête aurait peut-être pu le dire mais l’inspecteur venu constater le drame, a préféré être franc avec moi. « Nous sommes débordés, manque de moyens, réduction des effectifs etc. »
Pas de famille pour réclamer le corps, aucun indice permettant de penser qu’il ne s’agisse d’un banal accident aérien, l’affaire a été classée. Evidemment. Pour ne pas rendre le drame plus pénible qu’il n’était et pour simplifier les formalités, j’ai pris les frais d’obsèques à ma charge. Un geste modeste mais c’était le moins que je puisse faire. Quand on vient mourir chez vous, ça créé un lien, mine de rien.
08:50 Publié dans Echos de ma vie, Oiseaux | Tags : oiseaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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