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16/06/2009

L'accident

Attention, ceci est une histoire vécue. C'était au début de l'hiver, il y a quelques années déjà, disons une trentaine au moins et sans trop exagérer, il était vingt heures à peu près et la nuit tombait lentement mais sûrement.

Je roulais tranquille au volant de ma Renault, quittant Herblay pour aller voir un ami à Bezons. La route était sombre et je n'aime pas trop rouler la nuit, car je vois mal la chaussée lorsqu'elle est éclairée seulement par mes phares. De plus, les voitures venant en face de moi ont tendance à m'éblouir. Mais enfin, en région parisienne je n'ai pas trop de problème car l'éclairage public est bien assuré. C'est surtout en province, sur les petites routes de campagne que je souffre le plus.

J'avais branché la radio pour écouter le hit-parade sur RTL. A cette heure-ci il y a de la circulation, les gens sortent en direction de Paris pour aller voir leur film du samedi soir, dîner au restaurant ou bien glander sur les Champs-Élysées. Je roulais donc sur la nationale qui mène à Cormeilles-en-Parisis quand à la sortie d'un virage, j'aperçois dans le faisceau de mes phares, un piéton qui traverse juste devant moi alors que j'accélérais pour sortir de cette courbe. Impossible de l'éviter, la route est trop étroite et je ne peux pas freiner brutalement en plein virage, d'ailleurs je suis talonné par plusieurs voitures.

Je tente un  petit écart, mais j'accroche l'homme avec l'aile avant gauche. Il rebondit sur le capot, puis sur le pare-brise avant d'aller rouler à terre. Dans mon rétroviseur, je le vois étendu sur le macadam alors que de nombreux véhicules arrivent en sens inverse.

Je ma gare rapidement sur le bas-côté et je sors de ma voiture. Jusqu'à cet instant, tout c'est passé si vite que je n'ai rien ressenti, mais maintenant, dans le noir et le froid, seul piéton sur cette putain de route, je l'avoue, j'ai la trouille. Le type est peut-être salement amoché.

Sur ce point je suis vite rassuré car l'homme est debout de l'autre côté de la chaussée et me fait signe. Tout en me faisant de grands signaux de la main, il traverse et vient à ma rencontre d'un pas décidé. Bon sang ! Il est balèze le gars. On dirait une porte d'armoire normande ! Et s'il venait me casser la gueule. J'avais peur pour lui, maintenant j'ai peur pour moi. Quelle galère ! En plus il n'est pas tout seul l'animal, j'avais pas remarqué son copain qui lui, avait déjà traversé. Les deux types s'approchent, je serre les fesses.

- "Vous n'êtes pas blessé ?

-   ... Saint-Germain ...

-   ... ?"

Qu'est-ce qu'il raconte celui-là ? Son ami intervient et dans un mauvais français, m'explique qu'ils sont Anglais et perdus. Leur minibus est garé un peu plus loin et ayant vu de la lumière dans un pavillon, ils pensaient demander leur chemin aux propriétaires.

Après m'avoir assuré, dans un charabia franco-anglais, moi-même j'avais du mal à trouver mes mots après toutes ces émotions qu'il n'était pas du tout blessé, je leur indiquai la route de leur destination finale.

Quand je retrouvai mes copains et que je leur narrai mon aventure, ce fut une rigolade générale. C'était le premier piéton que j'écrasai, j'étais jeune et j'en verrai d'autres, mais enfin, on se rappelle toujours avec tendresse de la première fois.