Bettye LaVette : Thankful N’ Thoughful

Bettye LaVette comme de nombreux autres artistes (Dylan, Rolling Stones) fête cette année ses cinquante ans de carrière ! Née le 29 janvier 1946 à Muskegon dans le Michigan, Betty Haskins grandit à Detroit où elle se découvre une passion pour la soul et la country. Elle enregistre son premier disque à seize ans et embarque pour des tournées avec Ben E. King et Otis Redding. Betty LaVette décroche son premier hit en 1965 avec Never Let Me Down Easy  devenu un favori chez les mods anglais. Malgré d'autres tentatives pour une multitude de labels, la chanteuse ne retrouve pas le succès et il faudra attendre les années 2000 pour voir Bettye LaVette resurgir et décrocher la timbale avec The Scene of the Crime en 2007 et Interpretations : The British Rock Songbook en 2010.

Son nouvel album Thankful N’ Thoughful vient de paraître et reste très proche du précédent dans l’esprit, avec plusieurs reprises d’artistes comme Bob Dylan (Everything Is Broken), Neil Young (Everybody Knows This Is Nowhere), Tom Waits (Yesterday Is Here) ou les Pogues (Dirty Old Town). Si cette fois globalement, il ne s’agit pas de titres extrêmement connus, ils sont par contre comme toujours avec la dame, complètement réinterprétés et livrés dans des versions déstructurés qui les rendent quasi méconnaissables.

Entourée d’une nouvelle équipe réduite de musiciens, deux guitaristes, clavier et basse batterie, Bettye LaVette chante comme d’habitude avec une voix rauque et déchirée à vous arracher des larmes, tripes sur la table et sans artifices, comme seules les grandes interprètes de blues et de soul savent le faire. Le Grand Robert définit ainsi la musique soul « musique des Noirs américains caractérisée par la pureté d’inspiration et la sincérité d’expression » et la revue Actuel (février 1983) précise encore mieux « Le soul sanglote mais ne pleurniche pas. Le soul est onctueux mais pas sirupeux. Le soul allie la force et la mélodie. (…) le soul rapproche les corps, son rythme roule des hanches… ». On ne saurait mieux dire. 

La diva nous offre une nouvelle pépite noire et lumineuse à la fois. De belles et longues heures d’écoute en perspective en attendant le 5 décembre prochain et son passage à l’Alhambra de Paris. Elle y sera, certainement tout de noir vêtue. J’y serai aussi bien entendu.