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25/12/2008

Le père Noël

J’ai dix ans ou moins, je ne sais plus. Nous habitons Paris, rue Richer, comme vous le savez maintenant. Mes parents ont dressé le sapin il y a quelques jours, son odeur embaume l’appartement et ses aiguilles commencent à se répandre sur le linoléum, nous sommes à la fin des années cinquante, les marchands ne vendent que de véritables sapins tout bêtes, pas encore traités ou obtenus par croisement afin de se conserver plus longtemps dans les logements trop chauffés pour eux. J’ai écrit ma lettre au Père Noël en m’appliquant, car si le pauvre vieux n’arrive pas à me lire c’est moi qui serait déçu le 25 au matin. Fort courtois il m’a répondu, je m’en souviens très bien, une feuille de cahier sur laquelle au crayon rouge et gras il prenait ma demande en considération à condition que je reste sage jusque là. Il ne restait plus qu’à attendre et c’était ça le plus dur. Enfin le 24 décembre arrive. Le soir avant de nous coucher, ma mère pose sur la table de la cuisine un petit verre de vin et une boite métallique contenant de petits gâteaux. Nous savons recevoir. Nous nous couchons ma sœur et moi, excités et las de cette journée qui n’en finit plus. Soudain un bruit nous réveille, je me lève d’un bond et court vers le sapin, à peine réveillé encore je ne sais où porter mes yeux. Au pied du sapin de merveilleux paquets, dans la cuisine mon père et ma mère qui s’activent. « Il vient juste de s’enfuir ! » crie mon père tandis qu’il semble refermer le vasistas de la cuisine, alors que ma mère réplique « mais il a eu le temps de boire son verre et de manger un peu » tout en essuyant les miettes sur la table. Mince ! J’avais raté le Père Noël de peu. La déception fut de courte durée, les cadeaux m’attendaient dans leurs emballages colorés, bien vite les papiers et le bolduc volèrent à travers la pièce, des voitures Dinky Toys ou Norev et des billes en verre magnifiques s’échappèrent, des cris de joie fusèrent, des baisers et des caresses échangés. La journée serait longue, les invités, oncle,  tante et cousin, grands-parents, venaient déjeuner, maman devait préparer le gueuleton et d’autres paquets me seraient donnés. Ce Père Noël était vraiment très gentil, non seulement il déposait des cadeaux chez moi mais aussi chez les membres de ma famille pour qu’ils me les donnent. Quand plus tard j’apprendrai que le Père Noël n’existait pas ce fût l’une des plus grandes déceptions de toute ma vie et tous les ans à cette époque j’essaie pendant quelques jours d’y croire encore.