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12/04/2013

Rêve d’ermitage

Il suffit d’un rien, un évènement sans importance en soi mais qui me contrarie car j’y vois au-delà du simple fait un signe des temps, pour que se ré-allume en moi la petite flamme qui jamais ne s’éteint, ce désir contenu depuis toujours, partir, partir n’importe où mais loin de ce monde, pour rejoindre celui des anachorètes.  

Quand on ne peut changer le monde, doit-on s’en accommoder ou s’en extraire et vivre en ermite ? Une bonne question qui me taraude l’esprit depuis toujours et dont seule ma lâcheté m’interdit de faire le second choix. J’excuse ma faiblesse en me disant qu’en fait il s’agit de raison, ça me permet de supporter mon inaction mais le débat interne n’est jamais clos pour autant et la petite flamme couve sans cesse sous la cendre. « La solitude ne dépend pas de l’extérieur ; c’est une chose du dedans »

Combien de fois ai-je repoussé le projet – à titre d’essai et sans engagement – d’une retraite laïque dans un monastère. C’est assez tendance depuis plusieurs années, des monastères font hôtellerie et accueillent pour quelques jours, contre espèces sonnantes et trébuchantes, les aspirants au calme et au repos. Une cellule spartiate pour le coucher, un repas modeste et frugal en commun, aucune obligation à suivre les offices quotidiens. Une cure de silence propice à la descente au plus profond de son « moi ». Loin de l’agitation puérile de l’extérieur et du grondement de la bêtise, seules les psalmodies des moines brisent le silence lourd de sens.

Je pourrais aussi quitter la région parisienne pour aller vivre en province, et depuis que je suis à la retraite, je mentirais si je disais ne pas l’avoir envisagé. Mais j’ai des attaches, rares et d’autant plus précieuses, qui me retiennent. Comment font les autres retraités qui partent tous vers des ailleurs ensoleillés. La vie provinciale paraît toujours plus plaisante et équilibrée au vacancier qui y passe, mais y vivre est-ce le même roman ? Ce qu’on y gagne en nonchalance, ne le perd-on pas en opportunités diverses offertes par la capitale, ce qui revient à s’interroger sur le sens réel de la vie. Qu’est-ce qui compte réellement ici-bas ?  

La fuite n’est jamais une solution mais mettre de la distance entre moi et toutes les sources d’accablement et de morosité qui me gonflent chaque jour un peu plus, n’est pas non plus une idée aussi sotte. La solitude, oui … mais je ne dois pas négliger la réflexion de Vauvenargues, « La solitude est à l’esprit ce que la diète est au corps, mortelle lorsqu’elle est trop longue, quoique nécessaire »