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17/04/2013

Un matin comme les autres

Ca débute toujours par un bruit lointain de chasses d’eau, un frémissement palpable de retour à la vie. Isolé d’abord, à peine perceptible pour ceux qui dorment encore profondément puis successivement comme des obus tombant de plus en plus près de votre tranchée, signal certain que l’immeuble s’éveille.

Viennent ensuite des portes qui se referment plus ou moins bruyamment, des pas qui résonnent dans l’escalier, les travailleurs matinaux partent au boulot, qui vers son bus, qui vers un train de banlieue, mais tous ou presque en direction de la capitale. Il n’est pas loin de sept heures, à venir ou déjà derrière nous. Un long temps mort s’installe après cette première vaguelette, un sursis avant le grand exode.

Une voix d’enfant va tout déclencher, une puis plusieurs, elles rient ou chougnent mais fortes, elles rebondissent contre les murs de l’escalier, entraînant les parents dans une sarabande de claquements de portes, d’interrogations lancées à la volée « Tu n’as rien oublié ? », « Tu as pris ton bonnet ? », de dégringolades de marches. Chaque appartement lâche sa poignée de mômes, la porte de l’immeuble se refermant à chaque fois en un bruit sourd sur la meute en partance pour l’école. Dans les allées sous ma fenêtre, une quasi foule s’éparpille à droite et à gauche, selon l’établissement scolaire de destination, chargée de cartables bien pleins, de gamins en grappes plus ou moins agitées, de parents poussant des poussettes où des mioches à peine éveillés se laissent trimballer jusqu’à une crèche ou une nounou déjà sur le pied de guerre.

De ce flot d’évadés ne reviendront qu’une mère ou deux, femmes au foyer, tous les autres après avoir déposé leurs gosses à l’école ont filé rejoindre leur bureau ou leur entreprise. Bientôt va retentir le fracas bref du balai heurtant les bas de portes et les murs de l’escalier, la femme de ménage vient de prendre son poste, elle bosse pour la bonne cause, redonner un aspect propre à notre escalier avant de disparaître par les caves vers la porte suivante. Ensuite, enfin, le silence va s’imposer jusqu’au soir, à moins qu’un bricoleur…  

Un nouveau matin comme les autres.